
Le directeur du Cabinet Conseil en Stratégie et Financement de Projets BT Intégral Consulting, M. Aurélien Bouithy, a animé le 5 avril 2024 à Brazzaville, une conférence sur le thème, « investir en faveur des femmes : Accélérer le rythme », à l’occasion de la journée internationale de la femme, à l’hôpital Mère-enfant Blanche Gomez.
Cette conférence a porté sur l’analyse des cinq axes clés de mobilisation retenue pour le thème ; Comment promouvoir l’entreprenariat féminin ; le rôle de l’Etat dans le développement de l’entreprenariat féminin et perspectives et les divers sur les sources de financement.
Pour M. Bouithy, investir dans les femmes est le principal défi de taille en matière des droits humains, une reconnaissance de l’importance de son rôle dans la société. Il a ajouté que le progrès en faveur des femmes profite à tous en ce qu’elles constituent le socle de la famille. De plus, une société faite de femmes, a souligné le conférencier, implique des économies justes, prospères et inclusives. Le conférencier s’appuie aussi sur une statistique des Nations-Unies indiquant qu’en comblant les manques ou besoins essentiels des femmes tels que les services de soins, les emplois décents. Il est également possible de créer 300 millions d’emplois.
L’orateur a également abordé une des recommandations majeures des Nations-Unies relatives à la pauvreté des femmes, à laquelle il est absolument nécessaire de mettre fin, dans le contexte de crise économique, de conflits géopolitiques, de catastrophes climatiques et de pandémie de Covid survenue en 2020. Ce contexte socio-économique défavorable que traverse le monde expose les couches sociales sensibles comme celles des femmes à une plus grande précarité (depuis 2020, il y a eu un accroissement de 75 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté).
D’ici 2030, a-t-il indiqué, s’appuyant sur la même source onusienne, plus de 342 millions de femmes et de filles pourraient vivre sous le seuil de pauvreté, au rythme de moins de 2,5 dollars par jour. Il a estimé qu’il faut agir urgemment par des actions concrètes.
De l’avis des experts, a dit M. Bouithy, les crises bien souvent accroissent les inégalités sociales et la situation des femmes devient alors la variante d’ajustement des plans de réductions des dépenses publiques initiées par les pouvoirs publics. Il a également révélé que, conformément à une prévision onusienne, 75% de pays réduiront leurs dépenses publiques d’ici 2025 du fait des conflits, de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant.
En conséquence, « l’austérité a des répercussions négatives sur la situation des femmes et affaiblit les dépenses publiques consacrées aux services publics essentiels et à la protection sociale », a-t-il fait savoir. A son avis, promouvoir la Gestion Axée sur les Résultats (GAR) qui donne une place significative aux questions du genre en termes de retombées des projets, et dont les partenaires au développement ont fait une exigence en matière des financements qu’ils apportent à leurs bénéficiaires, permet de mettre la priorité sur la condition des femmes.
Selon le technicien, il est d’une absolue nécessité de soutenir les agents féministes de changement qui ne perçoivent du total de l’aide publique au développement, dans leur combat noble pour une grande place des femmes dans l’univers trop masculin des instances des décisions.
Abordant le dernier point des axes clefs de mobilisation en faveur des questions de la femme, c’est-à-dire, passer à une économie verte et une société de soins, M. Bouithy a fait sienne une observation communément partagée attestant que « le système économique actuel exacerbe la pauvreté, les inégalités et la dégradation de l’environnement, et ces phénomènes affectent plus les femmes et les groupes marginalisés ».
Il recommande d’adopter des modèles économiques alternatifs en passant à une économie verte et une société de soins, qui fait plus entendre la voix des femmes ; l’Etat se devant de soutenir davantage d’initiatives économiques que politiques dans les domaines de l’environnement.
M. Bouithy prend position en faveur de quelques activités à soutenir telles que les énergies renouvelables (solaire et éolienne) ; l’agriculture biologique ou durable, la valorisation des déchets suivant la règle des 3BR (Réduire, réutiliser et recycler).
A l’appui des initiatives devant recevoir le soutien nécessaire des pouvoirs publics et des ONG, il s’est inspiré de l’exemple de la Côte d’Ivoire où les femmes sont encouragées à se lancer dans des nouvelles techniques de culture moins consommatrices d’eau, notamment, la production aquaponique qui est une culture agricole et piscicole en circuit fermé, la culture du beurre de karité dont le pays est devenu l’un des grands producteurs mondiaux du fait de l’initiative de plusieurs femmes réunies en coopératives, et qui assurent plus de 60% de la production locale.
Avant de mettre un terme à son exposé, M. Bouithy a présenté une série de recommandations en rapport avec les modalités et techniques de financement des initiatives et projets portés par la femme congolaise, en particulier les employées de HME Blanche Gomes, qui ont pris la résolution de se constituer en coopérative d’entreprise. Des sujets et des échanges forts et enrichissants qui ont suscité un vif intérêt de l’auditoire tout genre confondu.
Florent Sogni Zaou