La cinquantaine révolue, Alain Marius NGoya-Kessy est l’un des dignes fils du Congo sur lequel la filière forêt- bois peut compter.
En effet, Ingénieur économiste forestier, formé à l’Académie des techniques forestières de Saint Petersbourg en ex URSS, détenteur d’un doctorat PhD en économie forestière de l’université forestière d’état de Moscou en 1997 option gestion forestière, disciple de l’académicien et Professeur russe Anatoly Pétrov, Alain Marius Ngoya-Kessy a consacré toute sa vie à la gestion durable des forêts congolaises dans l’optique de la transformation plus poussée et diversifiée des ressources forestières telles que : le bois, les PFNL, le faune et les aires protégées.
En 2002, il obtient une bourse dite « jeunes cadres » de la Fao sous la supervision du Dr Oudara Souvanavong pour une courte formation sur l’enseignement forestier à l’université forestière de Salé au Maroc.
En 2007, il est lauréat du premier programme des bourses de formation post doctorale de l’OIF, il part étudier en France pour un stage de 1 an au CIRAD à Montpellier et à l’ENGREF à Nancy… il se perfectionne à l’économie de l’environnement sous la supervision du Professeur Harou et le Dr Guillaume Lescuyer … il développe à cette occasion des contacts scientifiques avec le Dr Alain Karsenty.
Avec tous ces hauts diplômes exerçant dans la profession depuis maintenant plus de 20 ans… il acquiert une expertise et une expérience unique dans la formation à l’université Marien Ngouabi (ENSAF) et dans les hautes fonctions de l’administration forestière.
Ainsi de 2002 à 2014, il fût successivement Directeur des Études et de la Planification, Conseiller du Ministre Henri Djombo, Directeur de la valorisation des ressources forestières.
Notre scientifique parle couramment 4 langues européennes et 5 langues congolaises. Atypique, il est contre le CAMES. Il est devenu spécialiste en industrie du bois, en économie forestière et du bois, en économie de l’environnement et en développement durable.
Pour lui, la forêt représente quelque chose de sacrée « elle existe bien avant l’homme et lui permet de subvenir à tous ses besoins depuis la nuit des temps… depuis le commencement. Elle est source de biodiversité, d’oxygène, d’aliments, de pharmacopée, d’inspiration etc. Des scientifiques étasuniens ont montré que les arbres communiquent entre eux par le ruissellement des eaux de pluie et le système racinaire ».
Le Congo est couvert à 75% par la forêt, que pense t-il de la gestion actuelle des forêts congolaises ? Notre expert, à l’aise dans son domaine, ne reste pas avare. « Les forêts congolaises peuvent être mieux gérées. En dehors des superficies attribuées à la Cible Olam et à Ifo, le reste des superficies mérite une prise en main réelle afin d’améliorer les performances économiques, sociales et environnementales. Nous avons régressé du point de vue de la transformation plus poussée et diversifiée du bois. La formation des cadres et le renforcement des capacités ont reculé, nous manquons de l’expertise dans tous les segments de la foresterie. Ce qui se traduit par l’utilisation du personnel admis à faire valoir ses droits à la retraite ».
Enseignant chercheur à l’université Marien Ngouabi. Alain Marius NGoya-Kessy transmet son amour pour la forêt à travers les cours liés à la politique forestière, droit forestier, législation forestière, commerce des bois tropicaux, africains, certification forestière et traçabilité de bois.
Aux jeunes qui ont l’impression que ce secteur est fermé, il rétorque : « Les jeunes connaissent mal ce secteur, cela est dû au manque d’information et de promotion. Les médias devraient davantage parler de ce secteur très porteurs. Il y a aussi la mauvaise conception des jeunes qui trouvent toujours à redire sur les métiers proches de la nature. Les jeunes préfèrent s’engouffrer dans les secteur saturés comme l’économie, les finances, le droit etc. Je leur suggère par cette occasion étudier l’économie forestière et de l’environnement, le droit forestier…»
En 60 ans d’indépendance, le Congo a formé un seul docteur en économie forestière ! C’est le Dr Ngoya Kessy, aujourd’hui consultant international pour les organisations suivantes : Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, Organisation Internationale des Bois tropicaux, Commission des Forêts de l’Afrique Centrale, Association Technique Internationale des Bois Tropicaux… il est l’auteur de plusieurs publications, ouvrages, rapports techniques qui ont contribué et contribuent à modifier les pratiques dans la gestion forestière au Congo. On peut citer : l’état des lieux des acteurs privés de la filière forêt-bois au Congo en 2019, la prise en compte des PFNL dans la valeur économique des pays de la Comifac en 2020… initiateur de la fiscalité FOT, ses réflexions et contributions ont quasiment fait quadrupler les recettes forestières du Congo.
Fresnel Bongol Tsimba