«J’ai le sentiment d’avoir fait ce que nous pouvions faire. Je suis plutôt heureux d’avoir peut-être déblayé le terrain pour les Nations unies, qui ont plus de moyens, qui vont peut-être arriver à un moment où nous avons commencé ce processus de réconciliation. Ca été difficile pour nous. Mais au moment où nous passons le témoin aux Nations unies, on pense que ça se termine plutôt mieux», a s’est réjouit le chef de la force africaine Misca en Centrafrique, le général Mokoko.
Dans un entretien accordé à la RFI, l’officier supérieur congolais a défendu le bilan des neuf mois d’action de cette institution dont il avait la charge, estimant que l’on peut le « considérer comme positif, si on met en rapport les moyens à notre disposition, les effectifs, les moyens proprement techniques ».
« Pour une mission comme celle-là, on est arrivé à des résultats qui font qu’aujourd’hui à Bangui la vie reprend. A l’intérieur, depuis deux ou trois mois, en dehors des soubresauts qu’il y a cette fois-ci en interne au niveau des Seleka, on pense que globalement la situation s’est considérablement améliorée », a justifié l’ex-chef d’état-major du Congo-Brazzaville.
A propos de l’exode des musulmans vers les pays voisins de la Centrafrique, le général Mokoko a estimé qu’il n’y a pas de raisons que l’émigration des populations vers des zones plus sécurisées soit perçue comme un échec des capacités des forces internationales et, notamment, la Misca de les protéger. Et pour cause, « Une partie de la population non musulmane a considéré que Seleka voulait dire musulman, alors dans une atmosphère comme celle-là, où les musulmans se faisaient attaquer de tout côté… Nous n’avons pas trouvé anormal que ces gens cherchent à aller là, où pour eux, ça présentait un peu plus de sécurité », a-t-il expliqué.
Pour le chef de la Misma, il aurait tout de même fallu un peu plus d’hommes pour totalement sécuriser la Centrafrique.
« Avoir 6 000 hommes pour 650 000 km2 à couvrir, c’est une gageure. Le Kosovo c’est 6 000 km2 avec 49 000 hommes, faites un peu le rapport. Les premiers jours du déploiement, nous n’avions pas ne serait-ce que les quelques équipements élémentaires de protection des hommes. Nous avions des gilets par balles qui manquaient, nous avions certains contingents qui n’avaient pas de casques. Ce qui fait hésiter un commandement de force à engager des unités ».
Sur le départ, le général Mokoko appelle l’Union africaine à tirer « avantageusement toutes les déficiences que nous avons connues ici. Je pense que du point de vue des capacités, les Nations unies ont des moyens sans commune mesure avec ce que l’Union africaine pouvait mettre en jeu. Ils vont avoir des effectifs multipliés par deux, ils vont avoir une composante aérienne, une flotte de transport, une flotte d’hélicoptère, c’est un avantage extraordinaire », a-t-il conclu.