L’œuvre de la plasticienne marocaine Douja Ghannam. Un véritable enchantement néo-figuratif, paysagiste et abstrait
ARTS. L’œuvre de la plasticienne marocaine Douja Ghannam a pour objet de permettre de saisir quelque chose d’au-delà de la vie et nous le faire sentir. À travers ses œuvres néo-figuratives, paysagistes et abstraites, elle insuffle ses rêves, réflexions, visions et convictions qui nous plongent au cœur de son univers somptueux. La finesse de sa peinture se manifeste avec éclat dans l’enchantement véritable que procurent ces magnifiques compositions à grande échelle. Cette artiste, qui vit et travaille à Rabat, a atteint une maîtrise complète de son art grâce à un parcours chargé de significations secrètes qui ont mis du temps à éclore. Son travail capture une intuition authentique et se nourrit d’une créativité qu’elle contrôle avec aisance, sans chercher la complaisance. Ses tableaux abstraits visent à effacer la frontière entre réalité et représentation, en faisant passer cette dernière pour une vision tangible, ouvrant ainsi sur l’inexprimable. Ils nous font ressentir cette proximité avec le réel, tout comme d’autres formes d’expression plus poétiques et philosophiques peuvent également le faire. Douja, par son expression picturale unique, réinvente de manière totalement originale ses sujets. Elle joue avec les formes, les couleurs et les matières pour créer des œuvres qui captivent l’attention. Sa maîtrise des couleurs est remarquable et elle explore habilement des espaces abstraits. La technique qu’elle utilise actuellement est une composante essentielle de son univers artistique car elle permet d’exprimer sa culture et ses talents innés. L’artiste Douja, par son expression picturale audacieuse, propose une réinterprétation totalement inédite de ses sujets. Sa maîtrise des couleurs et sa capacité à manipuler les espaces abstraits sont remarquables. La technique qu’elle affectionne actuellement est le fruit d’une exploration passionnée et représente l’aboutissement logique de son univers artistique en harmonie avec sa culture et ses talents innés. Regarder les œuvres de Douja, c’est aussi rencontrer la sincérité et une certaine conviction qui ne nous laissent pas insensibles. Toutefois, son génie est de toujours réussir à rester dans le vrai et la justesse des émotions, tels qu’on les ressent, lorsqu’on se laisse envahir par son univers plastique fourvoyant à plus d’un titre. Elle possède aussi le don du pouvoir suggestif. Toute son expression picturale s’oriente vers le non-figuratif, car elle est une artiste peintre méditerranéenne par excellence, au tempérament chaleureux et spontané. Et ses toiles sont traitées d’instinct, en touches disciplinées et taches organisées qui s’assemblent avec talent et se révèlent subtils en tonalités optimisées. Légèreté de la matière et ondes délicates dans un agencement qui exprime une évolution constante et une assurance qui gagnent en sobriété, en symbiose avec la sensibilité de l’artiste. Conglomérats de créations libres et morcelées et grimoires ensorceleurs et mystérieux. Maquillages heureux, à la recherche du beau et un certain goût du bonheur, ses œuvres défilent sous nos yeux, des formats différents qui forment un tout cohérent et qui définissent bien le caractère et le style de l’artiste. Allant immédiatement à la gestualité de ses œuvres, à ses innombrables toiles des effets variés de son entourage, de son intérieur, de ses sensations, elle a toujours réussi à imprégner les sujets qu’elle a choisis. Puis, les portraits, à travers lesquels, Douja vise à nous révéler les trajets sensoriels et émotionnels d’une figure à l’autre sont concrétisés par l’enchevêtrement ornemental des empreintes et des diagrammes, des lignes et des couleurs, le surgissement dynamique de la profondeur vers la surface. Ces éléments sont aussi caractérisés par le passage de la bi-dimensionnalité à la tridimensionnalité, s’unissent au bénéfice d’une nouvelle expressivité du présent. Enfin les natures mortes notamment les paysages où Douja génère une interaction entre la matière et la forme, l’espace image. L’esthétique matérielle de la couleur unie, fluide, ou raclée en est le moteur. On y découvre les motifs les plus divers comme des gouverneurs symboliques. Il faut dire en fin que La peinture de Douja est à présent prête pour une nouvelle vague d’inspiration, un ferment magique qui nourrit l’art. Comme de nombreux artistes à travers le monde, elle ressent cette impérieuse nécessité d’accomplir son destin jusqu’à son terme ultime. Elle entretient avec ferveur son jardin des merveilles, animée par la même passion dévorante. Ayoub Akil
Exposition. La palette de Houda Benjelloun s’invite à Malaga
ARTS. L’œuvre de l’artiste-peintre marocaine Houda Benjelloun sera présentée bientôt à la galerie d’art Margui Lopez – ArteAdiscar de Malaga. Les œuvres captivantes de Houda se distinguent par leur mélange complexe et délicat d’art surréaliste, expressionniste et néo-naïf. À travers des coups de pinceau subtils, ses peintures capturent à la fois l’expression directe du sujet représenté ainsi que les sensations ressenties par le spectateur. Les sirènes, les animaux amphibies et autres portraits évoqués dans ses tableaux peuvent être considérés comme appartenant au registre surréaliste. Ces créations jouent un rôle essentiel en permettant une fusion inimaginable entre deux univers : le réel et l’irréel. On peut également y percevoir une dimension fantastique même dans leurs aspects les plus extravagants, grâce à ce qui pourrait être qualifié d’ »effet de liste » macabre. Dans ces compositions artistiques remarquables, Houda Benjelloun maîtrise avec brio la technique picturale pour donner vie à des scènes fascinantes où chaque élément est soigneusement choisi pour susciter différentes émotions chez le spectateur. Son utilisation habile des formes organiques et géométriques crée un contraste saisissant entre réalité tangible et monde imaginaire. L’esthétique unique de son travail repose également sur sa palette chromatique audacieuse qui ajoute une profondeur supplémentaire aux sujets abordés dans ses toiles. Les couleurs vives utilisées mettent en valeur non seulement la beauté intrinsèque des personnages représentés mais aussi leur essence intérieure souvent mystérieuse. En somme, les œuvres de Houda Benjelloun sont un témoignage de son talent exceptionnel et de sa capacité à capturer l’essence même du surréalisme, de l’expressionnisme et du néo-naïf. Son travail artistique transcende les frontières des genres pour offrir aux spectateurs une expérience visuelle unique où la réalité se mêle harmonieusement à l’imagination débordante. L’œuvre de Houda offre une exploration fascinante des aspects surréalistes de la nature et des visages humains qui sont étonnamment animalisés par les circonstances. Elle utilise toute une gamme de techniques pour capturer l’étrangeté de ces créatures, tout en conditionnant le spectateur d’art contemporain à suspendre momentanément son incrédulité. Les personnages qu’elle représente sont souvent décrits comme étant à mi-chemin entre l’humain et l’animal, surgissant au milieu des citadins modernes. Leur apparence est semblable à celle d’un être humain, mais avec une tendance marquée vers l’animalité qui se manifeste par certains traits régressifs. Ces personnages ne sont que rarement entièrement humains; la plupart ont un corps grossièrement bipède avec une physionomie vaguement canine. Ces créatures « immondes » et canines dévorent avidement les restes humains, ce qui nous permet facilement de nous identifier à elles en tant qu’hypotexte fonctionnel dans notre société actuelle. Au talent inégalable, Houda Benjelloun ne cesse de repousser les limites du possible dans le domaine de la peinture. Son dernier exploit ? Réaliser un tableau sous-marin et un autre suspendu à 900 mètres d’altitude dans le ciel. Avec une détermination sans faille, Houda a plongé dans les profondeurs marines pour créer un chef-d’œuvre unique en son genre. Armée de ses pinceaux et couleurs spécialement conçus pour résister à l’eau salée, elle a su capturer toute la beauté des fonds marins sur sa toile subaquatique. Mais ce n’est pas tout ! Houda s’est également aventurée dans les airs pour défier les lois de la gravité et réaliser une œuvre d’art céleste. À près d’un kilomètre du sol, elle a manié avec habileté ses outils de dessin afin de donner vie à un tableau époustouflant qui semble flotter entre terre et ciel. Cette prouesse technique témoigne non seulement du talent exceptionnel dont fait preuve Houda Benjelloun mais aussi de sa passion indéniable pour l’aventure artistique. Elle nous rappelle que rien n’est impossible lorsque l’on croit en soi-même et que l’on est prêt à relever tous les défis qui se présentent à nous. Ayoub Akil
France/L’œuvre de l’artiste-peintre Monique Latouche. Une envolée dans les cieux de l’imaginaire
ARTS. Comme nombre d’expressionnistes et impressionnistes abstraits, dans les œuvres de la plasticienne française Monique Latouche alias BB Cœur, la forme cède le pas au contenu, celui de sa conscience ou celui de son inconscient. L’espace du tableau devient alors un tremblement, un souvenir, un détail, un tourbillon chromatique, une vérité mystérieuse, une fissure spirituelle… Il s’agit ici d’une peinture universelle, une touche ample, aux accents symphoniques, qui célèbre les grandes forces originelles, suggérées par des matières irisées, diaprées, aériennes. Tels que Jackson Pollock, Ad Reinhardt ou encore Willem de Kooning, pour Monique, le tableau est une composition qui se fonde sur une harmonie dont la couleur agit sur tout le corps humain. Dans ses œuvres abstraites impressionnistes, expressionnistes ou lyriques, le temps intérieur ou l’émotion créatrice et le temps extérieur ou la matérialisation de cette émotion dans son œuvre sont rendus simultanés par sa matière fluide, légère et transparente. Une prouesse qu’elle accomplit avec une aisance, une maestria et une grande liberté. Sur toile, la légèreté de la matière et les ondes délicates s’opèrent dans un agencement qui exprime une évolution constante et une assurance qui gagnent en sobriété, en symbiose avec la sensibilité de Monique. Cet art qu’elle nous propose se veut un art aux tons acidulés, formes aiguës et grands aplats de couleurs sur des formats très larges. Avec cette technique intuitive de la peinture qui allie spontanéité, explosivité et relief en même temps, la répétition de motifs laisse une trace modelée sur le support et offre un résultat tout simplement déroutant où, couleur et forme sont en parfaite harmonie, et du mouvement de cette succession de motifs naît une émotion. Elle ouvre ainsi un champ de découverte infini, une quête de soi et un voyage décoiffant dans son univers poétique. Ici, chaque tableau est une découverte, mais aussi une nouvelle expérience picturale autant pour son créateur que pour le passionné d’art. Ses tableaux intellectuellement très riches prouvent que Monique est surtout une artiste-peintre dont l’œuvre regorge de références historiques, philosophiques, littéraires avec un clin d’œil à sa propre expérience de la vie. En effet, son travail artistique est si riche et diversifié qu’il est difficile à résumer. Son champ sémantique aussi. Ses œuvres apparaissent souvent interconnectées, se complètent. En somme, elles permettent de laisser libre cours à ses émotions s’éloigner de la réalité pour ouvrir tous les champs du possible de la création mélangeant la matière sur fond énergétique. Inspiré de la nature, sa vie, ses lectures, le travail de Monique est caractérisé par une approche personnalisée. C’est l’impression première que nous aimerions avancer en tentant d’interroger cette logique esthétique qui transpose une âme d’artiste raffinée et emplie de verdure pour une envolée dans les cieux de l’imaginaire. Et si la diversité est le propre de la nature humaine, Monique jongle avec les différentes techniques mises à sa disposition : papier, acrylique sur toile, encres de chine, pinceaux, empreintes, dessin, raclette, couteau … elle se consacre corps et âme à ses recherches jalonnées de voyages, d’ateliers, d’efforts pour se procurer toute la documentation utile pour ce faire … Car Monique considère la peinture comme un refuge, pour y préserver la fraîcheur de l’âme, sublimer le quotidien. Une peinture qui n’exclut pas la solitude profonde de l’être, comme si elle était assise sur un banc ou sous un arbre, souvent dans un coin du tableau. Ou alors plongée en pleine méditation, au cœur même de la toile. Quel recueillement, quel silence contemplatif dans les œuvres de Monique! Ses nouvelles toiles nous prouvent ce cheminement intérieur. À présent, l’artiste semble avoir pris de l’altitude avec ses chants aux sonorités hautement spirituelles. C’est aussi l’une des composantes de son univers. Le regard vacille sans cesse, émerveillé entre ses toiles où chacune suscite une vision nouvelle. Ainsi se révèle-t-elle multiple, polymorphe, créatrice d’un univers pictural unique, comme toutes les grandes œuvres qui, qu’elles soient dramatiques, symphoniques, poétiques ou littéraires, sont si riches que l’on peut soi-même les déchiffrer et les interpréter de façons diverses. Devant ces frémissements de lumière, le souvenir de Jackson Pollock s’empare de nous. C’est pourtant un autre monde, mais c’est bien la même magie. Ayoub Akil
Argentine/L’œuvre de l’artiste-peintre Susana Delia Mariani : Une force d’expression éclatante
ARTS. Dans ses œuvres, l’artiste-peintre argentine Susana Delia Mariani mène un véritable combat pictural, ses meilleurs atouts : des couleurs vives et généreuses posées sur la toile. Largesse du geste, force d’expression, cette plasticienne qui vit et travaille à Mar del Plata, située dans le sud-est de la province de Buenos Aires, en Argentine, nous entraîne dans une intense joie visuelle à travers ses portraits de femmes. Son travail s’est tourné vers une recherche sur la profondeur, les transparences et les jeux de lumière. Décidément, Susana Delia Mariani cultive un lâcher-prise qui autorise à sa création de remonter de l’obscurité jusqu’au grand jour. Ici encore, la composition s’impose d’elle-même en une sorte de lumineux éclat visionnaire, à partir de quelques éléments entrevus que l’ensemble se construit au rythme de l’élan créateur. Comme les Nymphéas de Monet, sa peinture nécessite de prendre du recul: près du tableau, les jeux de matières, les larges aplats parsemés de touches et de points, à la limite de la projection. A partir d’un assemblage d’une multitude d’éléments photographiques piochés un peu partout, Susana réalise une composition visuelle suffisamment aboutie pour passer à l’étape finale: la peinture. Après avoir transféré son image vers une toile, le travail de peinture consiste à reprendre l’ensemble de l’image pour en révéler son aspect final par l’équilibrage de la lumière, des contrastes et autres effets de matière. Le but étant d’arriver à bon équilibre du mixage des différentes techniques employées. Ce qui lui permet de mieux mettre en œuvre son univers onirique. Il suffit de s’éloigner de quelques pas pour que la composition s’assemble, se construise et révèle son thème. L’univers de l’artiste-peintre Susana, on le pressent, s’éloigne du réel angoissant, fait d’insécurité, de violence, de fanatismes, pour proposer une approche vivifiante et pacifiée, une invitation baudelairienne au voyage. Là où n’est qu’ordre et beauté / Luxe, calme et volupté. Face au monde tel qu’il se présente, la démarche se révèle donc d’autant plus sincère qu’elle tend vers l’apaisement, la rêverie, la culture, notions qui échappent aux sociétés précipitées au bord du gouffre par des conflits qui les dépassent. Cette plasticienne semble avoir inscrit ses travaux dans la lignée des Peintres de la Réalité Poétique, dont Maurice Brianchon fut le chef de file. Dans une période attachée à l’ordre, cette conception privilégie le retour au réel et à la figuration, mais un réel transfiguré par la poésie. Les sujets de prédilection de Susana sont alors des scènes d’extérieur, mais elle excelle aussi dans les scènes d’intérieur et les natures mortes notamment les portraits et les paysages. Le regard à l’œuvre découvre alors des silhouettes suggérées qui évoluent si librement dans l’espace. Suggérées car les formes restent avant tout allusives, comme si les êtres devaient se fondre avec la nature, dans une harmonie qui exclurait toute vaine tentative de domination. Elle s’inspire de sujets oniriques, ou fantasmagoriques mais ses œuvres restent cependant fidèles à la réalité des formes. Elles déroutent, interrogent, dégagent de la poésie. Surtout ses portraits de femmes, entre autres. On y découvre les motifs les plus divers comme des gouverneurs symboliques. Des effets prismatiques émanent de la couleur rayonnante la plupart du temps, parfois romantique. Les contrastes des motifs confrontés de manière grotesque s’assemblent dans le scintillement et l’éclat du tourbillon. Tout cela se bouscule sur la toile en voisinages inattendus, suscitant chez le spectateur la surprise et le questionnement. Le rapprochement est tantôt éloquent, tantôt obscur, jusqu’à ce que l’effort soit fait de se laisser inviter dans cet univers et de s’en imprégner. Bref, il faut dire que dans la spontanéité du geste créatif émerge un dialogue en filigrane entre le pinceau, la lumière et la forme et parfois le rendu dépasse tout horizon d’attente, car, sur la toile encore humide, la lumière réfléchie par les pigments traduit miraculeusement l’état d’âme du moment et l’émotion ressentie. Le chromatisme vif et contrasté de ses peintures ne dépend que des rapports des tons entre eux, selon les surfaces qu’ils animent, de manière totalement subjective. Susana Delia Mariani réussit à nous faire vivre ce même voyage des sens lorsque nous nous laissons emporter par chacune de ses peintures. Un interlude et une parenthèse enchantée assurés. Ayoub Akil
Maroc. Maati Sabri, un véritable combat pictural
ARTS. Dans ses œuvres, l’artiste-peintre marocain Maati Sabri mène un véritable combat pictural. Ses meilleurs atouts : des couleurs vives et généreuses posées sur la toile. Largesse du geste, force d’expression, ce professeur d’arts plastiques, natif de la commune de Bouchane nous entraîne dans une intense joie visuelle à travers ses portraits, ses natures mortes… Son travail s’est tourné vers une recherche sur la profondeur, les transparences et les jeux de lumière. Joyeuse fête de couleurs, de formes et de lumières, l’œuvre de ce plasticien, vivant et travaillant à Had Soualem est le résultat d’un travail de longue haleine et d’une recherche renouvelée sur les couleurs, les formes, la matière et les symboles. Chacune de ses œuvres est l’occasion pour lui de projeter ses intimes sensations, son moi profond. C’est même l’origine et la raison d’être de son travail pictural dénonçant implicitement le matérialisme de notre ère provoquant la perte de notre âme. Son œuvre favorise à la fois l’aspect extérieur par son harmonie des formes et des couleurs, et la résonance intérieure, celle de l’âme. Car son art prend sa source dans l’âme de l’artiste et possède presque une force d’éveil prophétique avec une forte influence. C’est par la compréhension de cette vision de l’artiste que le niveau spirituel du contemplateur s’élève. Mais Maati Sabri demeure malgré tout un artiste contemporain. Et donc, elle ne peut se résoudre à se lover, lui aussi, dans un rassurant discours «peinture-peinture» prônant un sublime retrait. Son œuvre est à la fois une peinture et une critique de celle-ci. Une critique de l’histoire de la peinture et du discours souvent entendu sur la peinture. Sa méthode d’approche du regardeur procède par induction de virtualités contenues dans l’œuvre qu’il ne reste plus qu’à nommer. En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu’une telle pratique n’a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu’esthétique, de réhabilitation des notions d’identification et de reconnaissance. C’est l’essence même de l’œuvre de notre artiste qui s’attache à rendre l’étrangeté du quotidien à travers les natures désincarnées qui se traduisent par le trait, la touche et la couleur, mais aussi et surtout par son esprit. La splendeur et l’élégance de ses œuvres sont le fruit d’un travail particulièrement humain. Un travail magnifié par la beauté de l’éclairage et la candeur d’un artiste dont la création constitue le souffle et l’énergie. Tout cela se bouscule sur la toile en voisinages inattendus, suscitant chez le spectateur la surprise et le questionnement. Le rapprochement est tantôt éloquent, tantôt obscur, jusqu’à ce que l’effort soit fait de se laisser inviter dans cet univers et de s’en imprégner. Techniquement aussi, l’artiste-peintre nous dévoile sa perception de la couleur à travers un ressenti et une pureté d’esprit qui nous explicite que l’action de la couleur influe sur nos sens. La contemplation de ses œuvres éveille en nous des sensations visuelles, mais aussi et au-delà, des ondes sensitives, sensuelles, salées, sucrées ou épicées. Un frisson, la chair de poule, une douce chaleur. Ainsi, la résonance de l’âme conduit à la sensibilité et statue que l’harmonie des couleurs repose uniquement sur l’entrée en contact avec l’âme humaine et que cette base constitue le principe de la nécessité intérieure : la spiritualité. Son expérience demeurera au fil du temps un travail riche de recherches et ouvert à toute interprétation au fur et à mesure que la vie elle-même se renouvelle de jour en jour, car le mérite de notre plasticien chevronné réside dans sa découverte de la vie tout en nous invitant à la découvrir ensemble. Résultat : une peinture qui devient source de connaissance de soi, de spiritualité et de paix intérieure. Et une école de vie qui fait rêver. Ayoub Akil
ARTS. Suyi Martinez, l’univers des sensations visuelles
HONDURAS. Natures mortes, portraits, paysages… La peinture de la plasticienne Suyi Martinez est une peinture d’offrande, une peinture spirituelle où tout est silence et sérénité. Aucun bruit, aucune interférence, une harmonie totale, à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Dans l’univers pictural de cette plasticienne qui vit et travaille à Utila, la troisième plus grande île du Département des Islas de la Bahía au Honduras, cette approche esthétique devient un rituel et un acte de représentation. Dans ses œuvres, le contemplateur s’aperçoit immédiatement les possibilités de notre artiste de guider méthodiquement son imagination pour faire quelques pas dans les territoires infinis de la création. L’œuvre prouve en outre que Suyi a toute liberté d’imposer un style à ses sujets, sans contraintes aucunes. Surtout en ce qui concerne la responsabilité de la forme dans l’apparition du style. Il est question dans ses tableaux de modifier les apparences en vue de l’expression. L’Hondurienne bouscule, malmène et renverse le sens commun des choses pour arriver à leur signification profonde. Ce qui explique la ferme volonté de cette plasticienne inspiré de ne jamais s’en tenir des explications superficielles et d’aller plutôt au- delà des vues conventionnelles vers des réalités intérieures. C’est une approche critique de l’art contemporain, inséparable de la réalité et de son humanisme, contrairement aux représentations orientalistes qui ne voyaient pas l’humain et qui se préoccupaient surtout de leurs propres projections et de leur désir. De plus, Suyi les a transformées en sujets sur la toile, en réappropriant la surface de l’image. La lumière est très importante pour son travail surtout dans ses portraits, même si elle s’intéresse évidemment aux visages d’hommes, de femmes et ses paysages….la lumière et la couleur aident à attirer l’attention sur les profondeurs de l’histoire écrite sur leurs corps et sur les silences qui les entourent. A vrai dire, Suyi aime le contraste entre la sensualité inversée, la lascivité de leur posture et l’apparence presque «crépusculaire» de chacun. Dans les peintures de la jeune artiste hondurienne, les figures de base ont toujours été intégrées à l’esquisse d’un paysage donné, avec des constructions architecturales qui essaient de mettre de l’ordre dans le chaos du monde tel qu’elle le perçoit. Les couleurs dominantes se marient aux multiples nuances des autres couleurs, créent des compositions aux multiples surfaces contrastées, avec une mise en lumière parfaite et maîtrisée. Le principal changement de rythme est dans la structuration même de l’espace : les grandes figures humaines occupent désormais la place centrale de l’espace pictural. La réflexion technique de Suyi Martinez se métamorphose ainsi en méditation quasi-spirituelle. Le peignage des plages colorées rappelle les pratiques des miniaturistes et le sillonnement des jardins zen, lieux de méditation par excellence. Qu’on le veuille ou non, bien qu’elle soit toujours dans la recherche et l’expérimentation, elle reste fidèle à son vocabulaire formel et chromatique qui signifie en dépit et au-delà de la finalité qu’elle lui assigne. L’espoir existe donc, en dépit de tout, au sein de la plus obscure des nuits. C’est normal : l’art n’exorcise-t-il pas, ne conjure-t-il pas les démons, ne sauve-t-il pas la plasticienne en lui permettant de recréer la Création après l’avoir décréée, et la «décréation» n’est-elle pas l’un des exercices majeurs des hautes traditions spirituelles ? Mais ce n’est pas, en tout cas, pour cette artiste- peintre, l’espoir d’une évasion de la peinture : comme le poète n’habite pas une terre mais une langue, le peintre n’habite pas le monde mais la peinture. C’est la seule mère-patrie dont personne ne peut l’expulser. La peinture est son Honduras inaliénable, son paradis retrouvé. Techniquement aussi, Suyi Martinez nous dévoile sa perception de la couleur à travers un ressenti et une pureté d’esprit qui nous explicite que l’action de la couleur influe sur nos sens. La contemplation de ses œuvres éveille en nous des sensations visuelles, mais aussi et au-delà, des ondes sensitives, sensuelles, salées, sucrées ou épicées. Un frisson, la chair de poule, une douce chaleur. Ainsi, la résonance de l’âme conduit à la sensibilité et statue que l’harmonie des couleurs repose uniquement sur l’entrée en contact avec l’âme humaine et que cette base constitue le principe de la nécessité intérieure : la spiritualité. Ayoub Akil
L’œuvre de l’artiste-peintre Zornitsa Schönfeld (Zoe). Un discours pictural allégorique et poétique
LES ARTS. L’artiste-peintre bulgare Zornitsa Schönfeld alias Zoe a une réelle affection pour son environnement et a choisi de réaliser une peinture qui résonne dans l’âme des amateurs d’art. Courageuse, tenace et amoureuse de sa peinture, cette restauratrice d’icônes et de fresques d’églises de formation, qui vit et travaille à Hambourg, traite principalement de sujets sociaux, philosophiques, artistiques, spirituels, poétiques et autres. Le tout avec une effervescence de sensations renouvelées et charmantes. Comme nombre d’expressionnistes abstraits, dans les œuvres de Zoe, la forme cède le pas au contenu, celui de sa conscience ou celui de son inconscient. L’espace du tableau devient alors un tremblement, un souvenir, un détail, un tourbillon chromatique, une vérité mystérieuse, une fissure spirituelle… Il s’agit ici d’une peinture universelle, une touche ample, aux accents symphoniques, qui célèbre les grandes forces originelles, suggérées par des matières irisées, diaprées, aériennes. Ses œuvres abstraites impressionnistes, expressionnistes ou lyriques sont constituées en très grande majorité de toiles recouvertes de fragments. Le temps intérieur ou l’émotion créatrice et le temps extérieur ou la matérialisation de cette émotion dans son œuvre sont rendus simultanés par sa matière fluide, légère et transparente. Une prouesse qu’elle accomplit avec une aisance, une maestria et une grande liberté. Et si la diversité est le propre de la nature humaine, Zoe jongle avec les différentes techniques mises à sa disposition : papier, acrylique sur toile, peinture à l’huile, collages… elle se consacre corps et âme à ses recherches jalonnées de voyages, d’ateliers, d’efforts pour se procurer toute la documentation utile pour ce faire … Car Zoe considère la peinture comme un refuge, pour y préserver la fraîcheur de l’âme, sublimer le quotidien. Une peinture qui n’exclut pas la solitude profonde de l’être, comme si elle était assise sur un banc ou sous un arbre, souvent dans un coin du tableau. Ou alors plongée en pleine méditation, au cœur même de la toile. Quel recueillement, quel silence contemplatif dans les œuvres de Zoe! Ses nouvelles toiles nous prouvent ce cheminement intérieur. À présent, l’artiste semble avoir pris de l’altitude avec ses chants aux sonorités hautement spirituelles. C’est aussi l’une des composantes de son univers. Le regard vacille sans cesse, émerveillé entre ses toiles où chacune, d’une seconde à l’autre, suscite une vision nouvelle. Ainsi se révèle-t-elle multiple, polymorphe, créatrice d’un univers pictural unique, comme toutes les grandes œuvres qui, qu’elles soient dramatiques, symphoniques, poétiques ou littéraires, sont si riches que l’on peut soi-même les déchiffrer et les interpréter de façons diverses. Ici, les silhouettes, présentées parmi les grandes toiles carrées, ne sont pas divertissements d’esthète, mais focalisation, symbole du regard de l’artiste elle-même et de l’émotion qu’elle éprouve. Le chromatisme vif et contrasté de ses peintures ne dépend que des rapports des tons entre eux, selon les surfaces qu’ils animent, de manière totalement subjective. Couleurs neutres, telluriques, subtiles ou éclatantes, peu importe, le but ultime de notre plasticienne est de créer des espaces harmonieux et dynamiques où il y a toujours un silence qui parle et un espoir qui fleurit. Sur le plan thématique, Zoe fait appel à l’imagination, son précieux outil, lui accordant le premier rôle et l’autorisant à se déployer en toute liberté et fantaisie. Elle fait également confiance à ce riche substrat de matières variées qui couvent en elle dans le tréfonds de sa psyché. Ici, qui dit abstraction ne signifie pas forcément dénuée de sens puisque notre artiste retranscrit ses sentiments sur la nature, l’univers, l’environnement, la vie, sa terre natale, la Bulgarie, ainsi que ses rêves poétiques, entre autres thématiques philosophiques traitées avec une légèreté bon enfant. Au final, force est de constater que l’abstraction de Zoé s’exprime principalement par une composition qui génère du sens sans se référer directement au concret tout d’abord. Ensuite, par une idéalisation des formes et des caractéristiques qui permettent la représentation de tel ou tel sujet. Par là, le sujet n’est plus un simple prétexte visuel, dont la silhouette, mais une allégorie, un discours pictural implicite. Ayoub Akil
Roumanie/Maria Coman. L’unité de la matière et de l’esprit
ARTS. Dans leurs processus artistiques, les œuvres de l’artiste-peintre roumaine Maria Coman donnent lieu à des propositions intrinsèquement contemporaines, dans une sorte d’impermanence atemporelle, de temps étiré. Ses œuvres sont surtout l’aboutissement de ses recherches, études de styles visant la définition, la jonction entre le paysage quasi-réaliste et la poéticité du monde. Cette plasticienne chevronnée se base sur ces éléments du vocabulaire formel de son œuvre graphique pour nous révéler les richesses de la nature et ses composantes ainsi que ses songes, sa vision, sa perception du monde. Jean Jacques Rousseau dit : «J’ai appris par ma propre expérience que la source du vrai bonheur est en nous». Et pas ailleurs. C’est avant tout cette liberté de créer que l’artiste-peintre Maria Coman aime et par laquelle elle se définit. Une expérience rare, mais porteuse, dans la manière de vivre et de penser l’art, chez cette plasticienne inclassable pour qui la lumière et la couleur sont les véritables compagnons de son parcours. N’avoir besoin que de l’évasion, dans la solitude pour trouver le bonheur, Maria rejoint l’idée rousseauiste dans ses Promenades d’un tableau à l’autre, comme des fenêtres ouvertes… Quant à ses choix, ils se font généralement par impulsions. Mais quand viennent les couleurs, sa liberté se débride. Ici, aucune règle et surtout pas de fonction descriptive ou narrative. Et au fil du temps, Maria Coman se crée un univers d’émotions matérialisées par des couleurs et des formes. Elle s’appuie sur son propre terrain fertile en thèmes et en sujets et fait appel à l’imagination, son précieux outil, lui accordant le premier rôle et l’autorisant à s’ébattre en toute liberté et fantaisie. Elle fait confiance également à ce riche substrat de matières variées qui couvent en lui dans les tréfonds de sa psyché et qui est fait de souvenirs, d’expériences marquantes, de rêves, d’idéaux, de toute une symbolique personnelle, nourrie de ses innombrables voyages. Tout cela se bouscule sur la toile en voisinages inattendus, suscitant chez le spectateur la surprise et le questionnement. Le rapprochement est tantôt éloquent, tantôt obscur, jusqu’à ce que l’effort soit fait de se laisser inviter dans cet univers et de s’en imprégner. Dans l’univers pictural de cette artiste-peintre roumaine, cette approche esthétique devient un rituel et un acte de représentation. C’est une approche critique de l’art contemporain, inséparable de la réalité et de son humanisme, contrairement aux représentations orientalistes qui ne voyaient pas l’humain et qui se préoccupaient surtout de leurs propres projections et de leur désir. De plus, elle les a transformées en sujets sur la toile, en réappropriant la surface de l’image. La lumière est très importante pour son travail surtout dans ses natures mortes. Décidément, ses œuvres sont tout droit sorties du mental de l’artiste pour ravir le regard du spectateur. Cette recherche du Beau, recherche constante, malgré les vicissitudes de la vie, est amplifiée, à y voir de plus près, grâce à des techniques et styles mêlés notamment l’impressionnisme et l’expressionnisme. Toujours à la recherche du beau et un certain goût du bonheur, ses œuvres défilent sous nos yeux, des formats différents qui forment un tout cohérent et qui définissent bien le caractère et le style de l’artiste. Cette quête et reconquête du bonheur de vivre et de découvrir les choses de la vie est le propre de l’univers de notre plasticienne quand il est possible de découvrir le patrimoine artistique et culturel du monde à travers ses nombreuses richesses humaines aussi. Celles de la citoyenneté et des libertés que les vrais artistes s’autorisent à conquérir même par la force. La force ? Oui, le chemin intérieur et la force de l’imaginaire qui plane au-dessus des misères du monde? Loin des diktats du marché, Maria, elle, cherche à célébrer l’unité de la matière et de l’esprit, mais l’esprit est bien ce qu’elle aspire à garder intacte en elle. Bref, la palette est vibrante de transparences, au sein d’un geste sûr, magistral, poétique et émouvant. Les trouées de lumière nous entraînent au-delà même des limites du tableau. Devant ces frémissements de lumière, le souvenir de Monet s’empare de nous. C’est pourtant un autre monde, mais c’est bien la même magie. Ayoub Akil