
L’Atelier ouvert est un nouvel espace créé par dix artistes peintre à Rabat pour la rencontre et le partage. Il s’agit des plasticiens Abdelhak Arzima, Ahmed Azizi, Abdellatif Nait Addi, Driss Idrissi Fazazi, Hassan Hachchan, Mahjoub Houmain, Igor Romanov, Mohamed Nouiri, Mohamed Sarhani et Meryem Belhaj. L’inauguration de ce nouvel espace a eu lieu le 11 mai à 18h30.
Le groupement d’artistes, initiateurs du projet, entendant faire de cet espace un rendez-vous phare des passionnés d’art d’ici et d’ailleurs. Pour cette première expérience de l’Atelier ouvert, les onze artistes peintres impliqués dans cette aventure tentent jusqu’au 11 juin de donner à voir et à apprécier les tendances les plus actuelles de l’art contemporain marocain. En dehors des catégorisations esthétiques, ce cadre de travail mettra en valeur les échanges et les négociations entre ces différents artistes qui président à la création et à son devenir. On a même le sentiment que les conditions de formation de ces artistes tiennent lieu dans la diversité de références de par les différents points de vue qu’ils abordent. L’événement tend à unir toutes les pièces de ces créations et peut-être même celles de l’enseignement auquel est affilié chacun de ces artistes.

Parmi ces onze artistes, on retient notamment le plasticien Mohamed Sarhani. Dans sa dernière série de tableaux qu’il présente actuellement à l’occasion de cet événement artistique d’envergure, cet artiste peintre, né en 1963 à Casablanca, dévoile une œuvre riche à plus d’un titre. Ici, chaque toile a son propre caractère, son propre message.
En somme, il donne aux amateurs de l’art contemporain marocain à découvrir des peintures très originales. Des peintures qui souvent ne gardent aucune relation thématique avec d’autres. Peu importe la technique employée et les outils utilisés, l’essentiel est le résultat obtenu : une œuvre à contempler, doublée d’une liberté bon enfant. Très saluées par les critiques, ses œuvres sont souvent empreintes de formes simples et tranchantes.
Comme tous les artistes dignes de ce nom, Mohamed Sarhani puise la part la plus significative de son œuvre dans son vécu, ses expériences, son moi. Et si l’art contemporain a pour désinvolture de se séparer, alors là, il faut bien admettre qu’apparemment ce temps est révolu. L’art que Sarhani nous donne à apprécier aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec cet art contemporain – art de la séparation et du sublime détachement, du néo-plasticisme à l’expressionnisme abstrait – qui semble réjouir certains artistes peintres ou sculpteurs.
En fait, il s’agit avant tout d’un soupçon vis-à-vis de l’art contemporain marocain prôné comme méthode de travail par cet artiste. Sa méthode d’approche du regardeur procède par induction de virtualités contenues dans l’oeuvre qu’il ne reste plus qu’à nommer. En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu’une telle pratique n’a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu’esthétique, de réhabilitation des notions d’identification et de reconnaissance. Là, c’est d’ailleurs la grande force de la forme constante de notre artiste, qui n’appelle pas à contestation interprétative.
«Le parti-pris de mes œuvres consiste à laisser le spectateur se départir de tout à priori, pour que le regard devienne sensible à l’extrême», explique l’artiste Mohamed Sarhani. Dans son œuvre, on note surtout un traitement particulier de l’obscurité et de la figuration et entre les deux, une bonne dose de créativité tout à fait contemporaine. C’est d’ailleurs le principe et le défi de cet artiste qui a exposé ses œuvres un peu partout, au Maroc comme à l’étranger.
À s’attarder tout autant sur son travail et sa palette brute et poétique, permet d’approfondir son propre rapport à l’imaginaire, reflet d’une identité libre, réceptive à l’infini. «Entre figuration et abstraction, Mohamed Sarhani traite l’une et l’autre, en tant que moyen d’expression, avec autant de modestie dissimulant derrière une technique apparemment sommaire un savoir-faire acquis au fil des ans. Il superpose des touches de couleurs, tantôt avec fermeté, tantôt avec délicatesse laissant apparaître une lumière à l’image de son obstination de passionné d’art et instille, couteau sur toiles, une forte émotion véhiculée par le geste», soutient le critique d’art italien Carmin Sinis.
L.M