«Miroirs de la mémoire» est le thème qu’a choisi l’artiste-peintre Karim Tabit pour son exposition actuelle qui se poursuit jusqu’au 26 mai à la galerie de la Fondation Mohammed VI de Rabat. Lors de cette exposition, dont le vernissage a eu lieu le 4 mai en présence de plusieurs personnalités du monde de l’art et des lettres, le plasticien casablancais nous propose une immersion dans son cosmos magique : l’enfance. Une envie d’escapade, née de son désir d’échapper à la détresse de ce monde actuel, avec tous les conflits, les tragédies et les secousses qui le traversent.
Jusqu’au 26 mai, les passionnés d’art auront l’occasion de découvrir les œuvres récentes de l’artiste peintre Karim Tabit à l’allure d’un voyage dans leur toute première enfance. Et voilà le public embarqué dans un drôle de rêve. Un rêve où l’on invite qui l’on veut.
A travers cette exposition, le plasticien assure, avec douceur et légèreté, une pause-détente pour les visiteurs. De quoi déloger leurs yeux aussi. Loin de l’horreur du monde dans son contexte actuel où les guerres, les misères, la famine, le terrorisme, l’instabilité politique et les inégalités économiques et sociales, le chaos, l’artiste tente dur comme fer à travers de proposer son monde à lui, fait de candeur et de rêveries.
- «Karim Tabit nous rappelle la joie essentielle qui émerge d’un sourire, d’une caresse,… et surtout il réitère les promesses dont toute vie est porteuse. Ces êtres aux traits enfantins sont dotés d’une force émotionnelle rare, sou rce d’un dynamisme tonifiant qui s’avère un très puissant moteur permettant d’affronter le quotidien et d’aller toujours de l’avant», souligne la critique d’art Michelle Desmottes.
Cette exposition est aussi et surtout le fruit d’une quête renouvelée de styles, de formes, de lumière et de couleurs que l’artiste-peintre a décidé d’exposer aujourd’hui. Furtive, incisive et juste, la touche de Tabit nous introduit directement dans son univers pictographique où elle donne libre cours à sa sensibilité. Son travail fait preuve d’une conception faite d’exigence et d’honnêteté foncière, mais aussi d’instinct immédiat, de rêve, de poésie et de fantaisie. Et ces aspects s’harmonisent pour s’incarner littéralement dans la matière, le pigment, le trait et la lumière. Pictographies finement tracées, productions plus libres reposant sur l’emploi de signes, de symboles, de motifs géométriques riches en termes de plasticité et de picturalité. Une synthèse d’expressions aussi proches que lointaines qu’il convient d’apprécier avec douceur. «La sphère du moi s’est élargie à un ensemble d’évocations où l’image du personnage (qui parfois se dédouble) centralise l’attention en même temps qu’elle sert de truchement à un graphisme anecdotique qui est matériau d’écriture essentiel. Toutes les œuvres produites à cet effet se lisent comme une série d’événements/souvenirs affluant et révélant à qui mieux une sensibilité à fleur de peau». Chez Karim Tabit, le retour à l’enfance se prononce comme une libération sentimentale par les moyens de la peinture. Il s’agit aussi de la volonté d’explorer artistiquement un fonds émotionnel riche en expressions, relégué tantôt aux oubliettes, et que l’artiste fait accéder à l’intemporalité. Il faut dire que sa méthode d’approche du regardeur procède par induction de virtualités contenues dans l’œuvre qu’il ne reste plus qu’à nommer. En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu’une telle pratique n’a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu’esthétique, de réhabilitation des notions d’identification et de reconnaissance. Là, c’est d’ailleurs la grande force de la forme constante de notre artiste, qui n’appelle cependant pas à contestation interprétative. Ceci s’applique surtout en fonction des stratégies mises en œuvre pour chaque tableau et du plus ou moins grand tressage des éléments en présence. Cette exposition, en outre, instille un sentiment de proximité à la fois magique, invisible et insoupçonnée chez l’observateur. Tout élément s’imbrique dans l’autre en une force d’engrenages parfaitement huilés.
L.M