Arrêter de stigmatiser les enfants par « nul et mauvais élève » !

TRIBUNE. Chaque année à l’approche des examens, je reçois des parents avec leurs enfants. Lorsque je demande aux parents quel est le motif de la consultation, la réponse est « m’kala5 : il est nul dans les études, mauvais élève et il ne comprend rien ». Les parents parlent ainsi de leurs enfants, comme s’ils parlaient d’un ordinateur en panne à un réparateur. Ces stigmatisations détruisent l’image de soi de l’enfant et anéantissent ses capacités latentes de son succès scolaire.

Dans l’article d’aujourd’hui, je vais me contenter de vous décrire la nature cérébrale de l’enfant et l’importance de l’environnement familial dans le développement de ses capacités intellectuelles et de son intelligence. Je vous parlerai la semaine prochaine de la nature de la psyché de l’enfant et de la conduite à tenir face à des difficultés scolaires.

1- Spécificités cérébrales de l’enfant

Le cerveau de l’enfant est toujours en cours de développement et il n’atteindra pas sa maturité totale avant 25 ans. Comment peut-on alors le qualifier de «m’kalak5 »( bête) et lui reprocher de ne rien comprendre ?
Nous savons aussi que chaque cerveau se développe à son propre rythme (la comparaison est inutile) et toutes les capacités cérébrales ne se développent pas de manière concomitante. Par exemple nous allons trouver un enfant qui développe la capacité de dessiner avant la capacité d’écrire, ceci ne signifie pas qu’il est « m’kala5 : nul ou bête » !

Le cerveau de l’enfant garde toutes ses chances de développer ses capacités à tout moment durant plusieurs années et rien n’est perdu encore ! arrêtons alors la stigmatisation !

2- Il n’existe pas « enfant intelligent : 3frite » et « enfant bête : m’kala5 »

Croire qu’un enfant est né comme un vase vide, et que nous pouvons le remplir de tout que nous voulons, est une grave erreur. Tous les enfants sans exception (1) naissent avec des capacités cérébrales latentes illimitées. Si nous nous adressons à son intelligence, l’enfant va développer cette dernière de manière spectaculaire. Par contre si nous nous adressons à lui comme un vase vide, nous allons freiner toutes ses capacités cérébrales latentes et nous développons chez lui «l’idiotie : l’kla5a » et étouffer son intelligence »

Le cerveau de l’enfant est un organe qui a besoin d’être alimenté de façon spécifique. Si nous lui procurons tout ce dont il a besoin, toutes ses compétences latentes vont se manifester (l’intelligence), par contre si nous lui procurons des toxiques, son intelligence va s’asphyxier.
De même, considérer l’enfant comme un être qui ne comprend rien dès sa naissance et dans ses premières années de vie, est une grave erreur et nous étouffons ainsi son intelligence!

Au contraire, nous avons des études qui prouvent l’existence de l’intelligence du bébé alors qu’il est encore dans l’utérus de sa mère!(2)
Je considère qu’un enfant comprend et ressent tout ce qui se passe autour de lui et il est temps de le respecter.

3- La qualité de l’environnement familial, décide le degré de l’intelligence

L’environnement familial joue un rôle décisif dans le développement des capacités cérébrales de l’enfant. L’importance de l’environnement n’est pas conditionnée par le degré financier et quel que soit le niveau économique familial, les parents restent les seuls responsables de l’éducation.
Les plus importants facteurs qui jouent un rôle principal dans le développement de l’intelligence de l’enfant avant l’âge de la scolarisation, sont :

La sérénité: une famille calme et sereine
L’harmonie : une famille où règne de l’harmonie et la concordance entre ses membres et plus essentiellement entre le père et la mère
L’affection : une famille qui bannit catégoriquement la violence verbale, corporelle, l’insulte et le mépris.
L’encouragement encourageant : une famille qui encourage de façon absolue sans aucune remarque négative ou limitante pour toutes les entreprises de l’enfant, car pour sa créativité il a fait appel à ses capacités cérébrales et l’encouragement encourageant va l’aider à développer continuellement ses capacités créatives.
Le jeu : des parents qui jouent sans réserve avec l’enfant. Le jeu reste le moyen par excellence de l’éducation car il participe au développement des fonctions supérieures du cerveau et consolide les liens affectifs. Nous n’avons pas besoin de jouets particuliers, nous pouvons courir, faire des jeux collectifs par exemple. Ces jeux ne demandent pas d’argent, par contre ils demandent du temps et la disponibilité des parents.
L’amour : une famille qui exprime l’amour de sorte que l’enfant ressente cet amour entre tous les membres. L’amour développe l’intelligence chez l’enfant. De même l’enfant a besoin d’entendre de ses parents sans aucune réserve « je t’aime mon bébé »
Les câlins : la douceur, l’affection, les bisous, les câlins sont à l’origine de la sécrétion de l’hormone de l’amour (l’ocytocine) par le cerveau de l’enfant. Cette hormone participe au développement de l’intelligence.
L’écoute : une famille qui écoute sincèrement et avec intérêt. L’enfant est capable de deviner si nous sommes honnêtes ou non avec lui lorsqu’il nous parle. Plus il est écouté plus il développe la confiance en lui.
L’amour de la connaissance : lire des histoires à un enfant dès sa naissance est d’une grande importance. Lors de cette lecture nous tissons et consolidons la relation affective avec un vécu du plaisir. Mais aussi l’enfant prend conscience que c’est grâce à la capacité de la lecture que nous accédons à la connaissance.
La cuisine : en effet cet espace est un grand laboratoire et l’enfant doit s’y initier très rapidement. Mettre à sa disposition, avant même l’âge d’un an, les instruments de la cuisine, qui sont en réalité des instruments de musique. Ce laboratoire développe chez l’enfant tous ses sens et ceci participe évidement au développement de son intelligence. Dès l’âge de 3 ans nous pouvons faire la pate avec lui, faire des gâteaux par exemple, pour qu’il remarque comment à partir des éléments simples nous pouvons arriver à des résultats complexes.
L’accompagnement : une famille qui s’intéresse a tout qui se passe dans le monde de son enfant en l’entrainant à la réflexion et à la critique. Par exemple, si l’enfant regarde un dessin animé, il est important de partager avec lui ce moment et lui poser des questions simples « c’est quoi l’histoire ? », « que penses-tu de ce qu’il vient de faire ce personnage », « es-tu d’accord avec lui ? pourquoi ? ».
Ainsi nous stimulons l’enfant à développer sa capacité d’expression, de synthétiser, de penser, de critiquer et de donner son avis, mais à condition que les parents se limitent à l’écoute et de poser des questions sans donner aucun avis. Le but est d’amener l’enfant de développer ses capacités de réfléchir spontanément et de lui-même.

Docteur Jaouad MABROUKI
Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe

(1) Bien entendu nous parlons d’un cerveau sain
(2) Compétences fœtales et fœtus incompétents
https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=ERES_GRENI_2001_01_0007
Le fœtus un être intelligent avant de naître
https://www.bebesetmamans.com/grossesse/sante/6810-foetus-etre-intelligent

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