Il se dégage à ce sujet deux versions : celle de Sylvain Bemba et celle d’un proche à Wendo.
1°-La version de Sylvain Bemba : Antoine Kolosoy qui deviendra célèbre en prenant le surnom de « Wendo » – dérivé du nom anglais Windsor, en lingala Wendossor ! (désigne le château de Windsor qui est une forteresse médiévale située à Windsor dans le Berkshire au Royaume-Uni. Le château est célèbre pour son architecture et parce qu’il est l’une des résidences de la famille royale britannique.)
Rien d’étonnant à cela, puisque la période favorisait une « anglomanie » observable dans la langue – en témoignent des mots comme bulangiti, siriki, dérivé de blanket (couverture) et silk (soie) pour les mouchoirs de tête -, dans le mode vestimentaire et l’importation de certains objets manufacturés tels que le phonographe ou la bicyclette made in England.
De surcroît le roi Edouard VIII, abdiquait en 1936 pour redevenir le duc de Windsor, a certainement défrayé l’actualité jusqu’au cœur de l’Afrique centrale. Bien entendu, l’on ne s’intéressait pas comme aujourd’hui aux faits et gestes des grands de ce monde, mais il n’en reste pas moins plausible que Kolosoy ait été, par simple hasard, impressionné par la musicalité d’un nom étranger qu’il devait s’attribuer.
2°- La version d’un proche à Wendo. Quant au sobriquet « Wendo » à l’allure internationale, il le tient d’un ami marin qui un jour de saison chaude, l’avait comparé à un ressort de marque anglaise « Wendsor », qu’on rencontrait dans presque toutes les unités fluviales naviguant sur le fleuve Congo.
Dans l’intention du baptiseur, ce surnom symbolisait le fait que le futur chanteur s’infiltrait facilement dans tous les milieux où il était toujours accueilli avec ferveur. Mais un miracle vivant allait bientôt s’opérer ! Le sobriquet fit sa petite route à travers les membres de l’équipage et plus tard dans toutes les escales des unités OTRACO (office de transport congolais).
Pour mieux réussir, Wendo avait acheté une guitare. Ainsi, armé, il quitta l’Otraco pour ne plus vivre que de sa voix. Encore un petit détail. Personne n’avait appris à Wendo à manier cet instrument. Il se débrouilla tant bien que mal jusqu’au moment où sa nouvelle trouvaille s’accorda avec la mélodie de sa chanson.
Ma mère, nous disait-il, était une cantatrice de renom dans notre belle région de Léopold II (aujourd’hui « Maï-ndombe » – Bandundu) et je crois avoir hérité d’elle le don de mon œuvre dont le thème est un des plus attrayants.
Enfin, de son vivant les deux versions lui étaient égales, dans la mesure où le sobriquet ne venait pas de lui-même, et peu importe le contenu qu’on lui attribuait.
Quoi qu’il en soit, Wendo, à l’instar de d’Adou Elenga, Tinapa, Desaio, Depewe… était reconnu comme un chanteur individuel s’accompagnant à la guitare, et préférant l’improvisation autour d’un thème à l’initiation de la structure musicale cubaine : brève ouverture, couplet chanté / reproduction instrumentale / couplet chanté / refrain chanté / reproduction instrumentale plus exubérante que celle du couplet / retour au refrain chanté. Dans ses premières chansons Wendo est un moraliste populaire, un pédagogue de la rue.
Wendo est le premier « écrivain public » de la chanson chronique sociale. Il a prêté obligeamment sa voix à tous ceux qui voulaient exprimer leurs petites misères quotidiennes dans ce style extrêmement dépouillé et imagé qui porte la marque du vieux fond poétique que tous les peuples conservent en eux.
Rappelons que le chanteur, musicien congolais Antoine Kolosoy « Wendo » né le 25 Avril 1925 à Mushie au Congo belge a quitté ce monde le 27 juillet 2008 à Kinshasa (RDC) à l’âge de 83 ans.
Clément Ossinondé