« La Côte d’Ivoire dont l’économie repose essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles est, à l’instar de bien de pays, confrontée à la problématique de la dégradation des terres », a rappelé Anne Désirée Ouloto, ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement durable.
« Le phénomène de migrations des populations des zones Nord, Est et Centre vers l’Ouest forestier du pays encore fertile, l’infiltration accrue des forêts classées et des parcs et réserves en sont la preuve incontestable », a poursuivi la ministre dans une déclaration prononcée à l’occasion de la célébration, ce dimanche 17 juin, de la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse.
La célébration de la JMLCDS est « un moment unique pour rappeler à tous que la Neutralité en matière de Dégradation des Terres (NDT), qui est basée sur une combinaison des actions de réduction du taux de dégradation des terres et de restauration des terres dégradées, est réalisable grâce à la résolution de problèmes, à une forte implication de la communauté et à une coopération à tous les niveaux », a dit la ministre.
En Côte d’Ivoire, comme partout en Afrique et dans le monde entier, la valeur de la terre a évolué en fonction des contextes socio-économiques, a-t-elle souligné.
En effet, a souligné la ministre dans son message qu’en effet, dans les économies traditionnelles, la terre est une divinité féminine qui, par sa fécondité, est pourvoyeuse de nourriture, ayant ainsi une valeur sentimentale et sacrée.
Cependant, « avec l’avènement des cultures d’exportation (café, cacao, palmier à huile, noix de coco, hévéa, anacarde, etc…), la terre a pris une valeur monétaire et économique. Les nombreux litiges fonciers en milieu rural et les affrontements intercommunautaires en zone forestière sont la preuve que la terre est devenue un bien rare qu’il faut préserver à tout prix ».
Qu’à cela ne tienne, pour Anne Désirée Ouloto, « la valeur de la terre, c’est aussi et surtout sa capacité à procurer de la bonne production pour assurer la sécurité alimentaire, sa capacité à offrir des emplois aux jeunes, sa capacité à assurer aux communautés qui en dépendent la stabilité et la sécurité, sa capacité à promouvoir un développement durable, c’est à dire prenant en compte les besoins des générations actuelles et futures ».
C’est dire que le thème de la célébration de cette année, « La terre a de la valeur, Investissez-y », sonne comme une alerte face à la dégradation que nous faisons subir à nos terres, a-t-elle soutenu.
Pour la ministre, point n’est donc besoin de « rappeler comment nous perdons toutes les ressources que la terre nous offre gracieusement lorsque nous la dégradons. Les droits que nous nous arrogeons sur ces ressources s’accompagnent de la lourde obligation morale de les gérer intelligemment ».
Phénomène insidieux et pernicieux, la dégradation des terres constitue un véritable fléau dans le monde entier. Elle l’est « plus dans les pays en voie de développement ; en particulier ceux de l’Afrique subsaharienne où les populations qui vivent directement des ressources tirées de la terre, sont de plus en plus nombreuses et les plus vulnérables », a-t-elle rappelé.
C’est la raison pour laquelle le Gouvernement ivoirien accorde une attention particulière à ce fléau à travers plusieurs actions initiées en collaboration avec des Partenaires Techniques et Financiers, notamment la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, le Mécanisme Mondial, le FEM, ONU-Environnement, La FAO, le PNUD, TerrAfrica, la Banque mondiale et l’UICN, entre autres.
« Ces actions visent essentiellement la restauration des terres dégradées, la prévention de la dégradation des sols, la production de vivriers en contre saison, la lutte contre les feux de brousse, la sensibilisation, etc », a-t-elle affirmé.
Alain Bouithy