Ancien des orchestres Super Boboto SBB, Les Rumbayas, Les Trois frères et Les Bantous de la Capitale, Ange Marie Pouabou opte pour la musique tradi-moderne. Il chante dans sa langue maternelle, le Vili sur fond de Salsa et du Zook.De quoi parlent ces chansons en langue maternelle ?
Ange Marie Pouabou
: Dans mes chansons, j’aborde des messages liés aux faits de société. Je m’appuie sur des proverbes de mon terroir et il revient à ceux qui écoutent ma musique d’en décrypter le contenu pour se mettre en harmonie avec mes pensées et mieux comprendre ces messages. Il y a par exemple un proverbe qui dit ceci : Ce n’est pas parce que vous voyez le sable que la mer n’est plus loin.
Combien de chansons ou de titres trouve-ton dans le CD que vous vous apprêtez à mettre sur le marché ?
Ange Marie Pouabou : Il y a neuf titres dans ce CD. La première chanson est intitulé Tat’yimame, qui signifie Papa et maman. J’y relate l’histoire de mon enfance au cours duquel je ne manquais de rien parce qu’ils étaient là pour pourvoir à tous mes besoins. Aujourd’hui, je dois me battre pour ùmanger, pour survivre ou pour mener une vie décente. Le quotidien est, maintenant qu’ils ne sont plus là, un souci permanent. Je ressemble à un oisillon qui doit voler toute la journée pour me nourrir, qui doit apprendre à voler de ses propres ailes.
Dans la seconde chanson de ce CD à venir, je rends hommage à MoéTchikambissi, le génie de l’eau. Cette chanson contient également des proverbes en vili. Une autre chanson évoque la manière dont les familles se déciment. Je rappelle que lorsqu’une famille manque de femme, la fin de la famille est proche. C’est la femme qui pérennise une famille dans les traditions matrilinéaires.
Quel est le titre phare de votre CD ?
Ange Marie Pouabou : Le titre phare, c’est Amonikoué qui signifie Non, ce n’est pas comme cela. Je condamne les antivaleurs vestimentaires des femmes, j’attire l’attention des femmes sur leur accoutrement. Pour moi, la femme qui porte une longue jupe avec des dentelles est plus respectée que celle qui ne met que des petites jupes et des chemisettes qui exposent les seins et les soutiens. Le corps de la femme est sacré et tous les yeux ne sont pas faits pour le voir
Produire un CD est une bonne chose mais comment allez-vous le distribuer ?
Ange Marie Pouabou : Le canal de distribution est relationnel dans un premier temps. J’ai eu la chance de rencontrer M. Hugues Mboumbaqui a accepté de me produire. Je crois qu’il a des relations et vous aussi avez des relations été de relations en relations, on atteindra le but.
Pourquoi chantez-vous en vili alors qu’il y a plusieurs langues au Congo ?
Ange Marie Pouabou :Je chante dans ma langue pour la pérenniser et éviter qu’elle disparaisse dans un avenir plus proche. J’ai beaucoup chanté en Lingala. C’est également une manière de mettre la cohésion entre le Vili et la musique moderne. Vous savez que les Kassav chantent en Créole, Aragon chante en espagnol et je ne vois pas de mal que le Vili chante en Vili.
Propos recueillis par Florent SogniZaou