A peine le temps de souffler après une série d’expositions individuelles et collectives au Maroc et à l’étranger, l’artiste peintre Lamia Belloul débarque à Compostelle pour participer à la 9 e Biennale internationale d’art de Sarria en Galice.
Lors de ce salon international, considéré comme l’un des rendez-vous incontournables de l’art de par le monde, cette dermatologue de formation donne à avoir et à apprécier la dernière série d’œuvres plus gestuelles et moins formelles. De quoi ravir les regards même les plus blasés et défendre les atouts de l’art contemporain marocain.
Pictographies finement tracées, productions plus libres reposant sur l’emploi de signes, de symboles, de motifs géométriques riches en termes de plasticité et de picturalité. Jusqu’au 15 août, le public espagnol aura l’occasion de découvrir la palette diversifiée d’œuvres inspirées de fragments et de symbolisme de la plasticienne Lamia Belloul. Une synthèse d’expressions à la fois proches et lointaines autour du thème l’homme contemporain dans tous ses états. Voilà ce que propose cette plasticienne et dermatologue inspirée. Chaleureux par le passé, livide aujourd’hui, le regard que porte Lamia sur L’homme se réduit à une série de codes visuels. L’ornement, les couleurs, la matière… tous les ingrédients se réunissent pour offrir une représentation occidentale d’un regard méconnaissable. C’est dire que Lamia Belloul préfère la face cachée des choses chères à elle. Au-delà de la réflexion, cette exposition permet de percevoir l’évolution enregistrée dans l’expression picturale de cette artiste. Avec l’appui d’une brochette d’artistes confirmés, elle s’est exercée aux différentes techniques, nourrie par son imagination débridée. Parmi ces artistes, on retient notamment Tibari Kantour, le maître incontesté du papier, pour qui la peinture de Lamia Belloul, grâce à l’effort de ses recherches, donne ses fruits. Couleurs expressives, formes de confession symbolique, l’univers pictural de la plasticienne marocaine est le fruit de sa longue quête de formes et de couleurs. Un rythme cohérent pour sublimer la couleur via une lumière évanescente, ce qui offre une douceur fascinante. Des couleurs qui caressent l’espace, audacieuses et discrètes, restent toujours la source, la rive vers la peinture. Cette exposition inscrite dans le cadre de la Biennale internationale d’art de Sarria est surtout l’occasion pour le public espagnol de découvrir le travail pictural d’une artiste qui marie bien les couleurs froides et chaudes pour un rapprochement inédit. Il faut dire que les couleurs s’imposent énormément dans cet univers où l’identité des personnages, frise la fiction, voire le fantasme. Le bleu outremer ou opalin cohabite avec le rouge bordeaux ou carmin, les gris colorés destinés à meubler le fond ressortent des zones sourdes. Le tout en adéquation avec les plans du devant, dans un rendu visuel attrayant où la vie est toujours présente. Délivrée des contraintes canoniques de la forme, Lamia Belloul se concentre sur ce qui fait la force et la spécificité: rythme et harmonie de la composition dans l’espace, tensions et contrastes des lignes, vigueur et mouvement du trait.
En principe, comme toutes les œuvres de qualité, celles-ci possèdent le sens de l’universel atemporel. Elles sont en somme d’une limpidité chromatique considérable. En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu’une telle pratique n’a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu’esthétique, de réhabilitation des notions d’identification et de reconnaissance. C’est d’ailleurs là la grande force de la forme constante de notre artiste, qui n’appelle pas à contestation interprétative.
L.M