L’intérêt porté par le Maroc à la modernisation accélérée des activités relevant du secteur primaire obéit à une logique de consolidation des ressorts sectoriels de la croissance de l’économie nationale et à la mobilisation de gisements additionnels d’emplois, relève la Direction des études et prévisions financières (DEPF).

Cet intérêt obéit également «à l’impératif d’assurer une meilleure valorisation des ressources naturelles et le renforcement de leur durabilité», assure ce département relevant du ministère de l’Economie et des Finances dans le «Tableau de bord sectoriel de l’économie marocaine» du mois de janvier 2019.

Dans ce document, conçu de manière à faire ressortir les mutations structurelles de l’économie marocaine depuis 2000, la DEPF indique que le secteur primaire a représenté près de 13,9% du total des valeurs ajoutées aux prix courants durant la période 2008-2017, dont 12,9% pour l’agriculture et 1% pour la pêche.

Un secteur qui emploie plus de 4 millions de personnes en 2017, correspondant à 38,7% de la population active occupée, souligne le document dont les graphiques et tableaux permettent de retracer l’essentiel des tendances sectorielles de l’économie marocaine de ces dix dernières années.

En ce qui concerne l’appui public en faveur dudit secteur, la DEPF indique qu’il a concerné aussi bien l’investissement public que le soutien à l’investissement privé sous-forme de subventions.

Ainsi, d’après elle, «l’investissement public global au niveau du secteur agricole a plus que triplé sur la période 2008-2016, passant de près de 3,1 à 9,9 milliards de dirhams, soit un taux de croissance annuel moyen de près de 14,4%».
Selon ce département, la même évolution est observée au niveau de la composante «soutien à l’investissement privé» qui est passée de 1 à 3,3 milliards de dirhams sur la même période.
A en croire la DEPF, cette dynamique a permis au secteur agricole de réaliser une croissance soutenue et moins erratique de sa valeur ajoutée, avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 6% sur la période 2008-2017.

Ce qui, à l’entendre, atteste d’un bon comportement des différentes filières agricoles, notamment la filière céréalière dont les performances se situent au-dessus de la moyenne (près de 80 millions de quintaux).

S’agissant des composantes de la production agricole hors céréales, la DEPF note qu’elles ont enregistré un rebond important, particulièrement l’élevage dont le taux de réalisation en 2016 de l’objectif de 2020 a atteint respectivement 90%.

Si le taux de réalisation a été de 68% pour les viandes rouges et les viandes blanches, au niveau de l’arboriculture, on notera qu’il a frôlé les 70% et 57% respectivement pour les agrumes et l’olivier.

L’autre enseignement relevé dans ce tableau concerne le caractère soutenu de la croissance du secteur agricole qui «apparaît au niveau de la baisse marquée de l’écart-type de la valeur ajoutée agricole (VAA) de près de 63,5% entre les deux périodes 1990-1999 et 2000-2017, induite notamment par un rétrécissement du poids de la céréaliculture dans la VAA», note la DEPF.

A noter que ce dossier, réalisé par Harraou Khalid, s’est aussi intéressé au secteur des pêches maritimes, en soulignant qu’il a contribué à hauteur de 1% au total des valeurs ajoutées aux prix courants et 7,3% à celles relatives aux activités primaires entre 2008 et 2017.

Selon la DEPF, les produits de la pêche côtière ont augmenté au cours de l’année 2017, pour s’établir à 1.310.000 tonnes contre 918.000 en 2016 et de 7285 millions de dirhams contre 6753 un an auparavant.

Commentant l’évolution du secteur halieutique, la DEPF indique que celui-ci a réalisé, en 2017, une production totale de 1,4 million de tonnes, soit un taux de réalisation de près de 84% de l’objectif fixé par le Plan Halieutis à l’horizon 2020.

«En termes de performance commerciale, près de 21,2 milliards de dirhams d’exportations ont été réalisés en 2017 (soit 70,5% de l’objectif à l’horizon 2020) contribuant ainsi à près de 58% des exportations agroalimentaires et à plus de 16% des exportations totales de biens», a-t-elle souligné notant que le secteur assure également près de 700.000 emplois directs et indirects.

Mais pour le ministère de l’Economie et des Finances, les performances du secteur halieutique demeurent insuffisantes eu égard au potentiel réellement mobilisable.

Et pour cause : «Une grande partie de la production halieutique est exportée à l’état frais sans aucune transformation (41% du volume total des exportations), bien que cette part s’inscrive dans une tendance baissière depuis quelques années. En outre, les exportations du secteur demeurent caractérisées par une forte polarisation sur les marchés de l’Union européenne, qui absorbent 60% des exportations halieutiques marocaines», constate-t-il.

Outre la nécessité de remédier aux insuffisances relevées tout au long de la chaîne de valeur du secteur et l’exigence d’une meilleure maîtrise de la chaîne de froid, le département des Finances estime qu’il va falloir mettre l’accent sur «l’adaptation des infrastructures de débarquement à la flotte à grand tonnage pour permettre le débarquement de la totalité des captures des ressources halieutiques au niveau des ports marocains», explique-t-il.

Par ailleurs, la DEPF estime également que le développement à terme d’une flotte industrielle nationale performante comparable à celle des pays étrangers devrait être envisagé. En plus de “la qualification de la main-d’œuvre et de l’amélioration des compétences au service de l’innovation de nouveaux produits compétitifs avec des emballages attractifs et à forte valeur ajoutée».

Alain Bouithy

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