Furtive, incisive et juste, la touche de l’artiste-peintre souiri Mustapha Asmah nous introduit directement dans son univers pictographique où il donne libre cours à sa sensibilité.

Dans ses œuvres, tout suggère cette volonté de voyager au-delà du rythme quotidien, de la parole envolée pour accéder à la béatitude de l’être. C’est comme si l’artiste ne se suffit plus de platitude et cherche à brusquer par le volume, le tissage imposant qui rime avec l’excellence souvent gaie et béate du dire. Le tout dans un imaginaire social et traditionnel empreint de spiritualité et enraciné dans l’espace et le temps.

Fête joyeuse de couleurs, de formes et de lumières, univers intime, rêves fugaces et poésie impalpable, l’œuvre de l’artiste-peintre Mustapha Asmah est le fruit de plusieurs décennies de travail et de recherches.

Natif d’Essaouira en 1962, ce plasticien, comme beaucoup d’artistes de la Cité des Alizés, a lui aussi un atelier au souk de férailles, comme ce marché de dimanche s’appelle ainsi. Il y passe beaucoup de temps à vivre sa passion et première amour: l’art. Du décor ou du sujet, pas de frontière. Tout élément s’imbrique dans l’autre, en une force d’engrenages parfaitement huilés.

L’artiste donne ainsi naissance à des œuvres susceptibles de transporter tout regardeur. Il tente à travers ses œuvres un engagement sans concession dans un média toujours revisité. Au-delà d’un historique contraignant, sa volonté est tout à fait libertaire vis-à-vis de l’utilisation des couleurs et de l’organisation de la production des expériences visuelles abordées. Certes, ici, chaque toile a son propre caractère, son propre message. Mais, dans ses peintures et sculptures très originales, peu importe la technique employée et les outils utilisés, l’essentiel est le résultat obtenu, de quoi déloger les regards même les plus blasés.

Le moins que l’on puisse dire c’est que la liberté se manifeste chez notre artiste par un traitement particulier avec une bonne dose de créativité tout à fait contemporaine. C’est d’ailleurs le principe et le défi de sa démarche artistique. Aujourd’hui, Mustapha Asmah compte à son actif plusieurs expositions au Maroc et à l’étranger, notamment en Suisse où il avait reçu un Prix dans la catégorie Art Brut, singulier et insolite lors du concours international Pro Arte Kasper.

Lors de tous ces évènements nationaux et internationaux, les amateurs de l’art contemporain des quatre coins du monde ont pu découvrir l’expression picturale d’un artiste qui trouve du plaisir à peindre, comme l’attestent ses récents travaux.

Ce plaisir s’exprime aussi par les couleurs et la matière qu’il utilise à profusion et les changements de rythme dans la gestualité. Décidément, cet autodidacte est un contemplatif en mouvement. Ses tableaux suggèrent une promenade décoiffante à travaers ses couleurs exaltantes, formes singulières humaines et animales, références à des mythes oubliés, à des rites ésotériques afro-berbères, fantasmagories et mouvements ludiques, qui défrayent le discours, dans des compositions époustouflantes…

Ainsi son oeuvre instille un sentiment à la fois de proximité magique, invisible et insoupçonné chez l’observateur. Un motif à déloger des yeux, si noble que l’on a du mal à l’imaginer présent, noyé dans telle ou telle surface. Mais, il faut s’approcher d’une toile, transformer son regard en objectif et zoomer sur un détail pour se rendre compte de la variété des plans accidentés. Chaque parcelle de la toile est minutieusement traitée, chaque centimètre carré vit.

Le parti-pris de son oeuvre consiste à laisser le spectateur se départir de tout à priori, pour que le regard devienne sensible à l’extrême, s’attardant tout autant sur le travail de ce souiri de souche et finalement d’approfondir son propre rapport à l’imaginaire – reflet d’une identité libre, réceptive à l’infini.

L.M

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