Dans les pays émergents, les entreprises à forte croissance constituent moins de 20 % des entreprises manufacturières et de services, mais elles représentent plus de 50 % des créations d’emplois et du chiffre d’affaires total. Ces entreprises ont un effet domino sur les autres, qui s’exerce par le biais d’une demande accrue ou d’un meilleur accès aux facteurs de production.
Un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale intitulé High-Growth Firms: Facts, Fiction, and Policy Options for Emerging Economies rend compte de l’intérêt que suscitent les capacités remarquables des entreprises à forte croissance auprès de responsables politiques soucieux d’encourager la multiplication de ces firmes en vue de doper les performances de leur économie. Le rapport s’appuyant sur une analyse approfondie de la dynamique des entreprises en Afrique du Sud, au Brésil, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, en Hongrie, en Inde, en Indonésie, au Mexique, en Thaïlande, en Tunisie et en Turquie.
L’analyse montre que la corrélation entre productivité et forte croissance est souvent faible car la croissance des entreprises peut résulter de divers facteurs au-delà de l’efficience technique. Selon les auteurs, les politiques destinées à renforcer le dynamisme des entreprises et soutenir les créations d’emplois ne devraient pas se focaliser de manière sélective sur les gagnants potentiels. Elles doivent au contraire venir appuyer ce que le rapport appelle « l’ABC de l’entrepreneuriat de croissance » : a) améliorer l’efficacité de l’allocation des ressources ; b) encourager les effets externes B2B et c) renforcer les capacités des entreprises.
« Dans de nombreux pays, les modèles de croissance qui peuvent avoir porté des fruits par le passé doivent s’adapter aux nouveaux défis et soutenir la création d’emplois, explique Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de la Banque mondiale pour la croissance équitable, la finance et les institutions. Nous travaillons avec nos pays clients pour soutenir des interventions publiques adaptées aux défis et aux capacités des entreprises et des entrepreneurs. Pour de nombreuses institutions du secteur public, la mise en œuvre de ces politiques dépend de leur capacité à faciliter l’innovation, la productivité et la croissance des entreprises tout en suivant et en adoptant les bonnes pratiques mondiales. »
Le rapport constate que la plupart des entreprises à forte croissance des pays en développement sont actives dans des secteurs et des régions diversifiés et que la majorité d’entre elles étaient déjà des entreprises de taille moyenne, voire de grandes entreprises. C’est pourquoi il recommande que les critères de sélection des interventions publiques visant à faciliter le dynamisme et la croissance des entreprises n’accordent pas une importance excessive à la taille, au secteur d’activité, au contenu technologique ou au lieu d’implantation.
Il recommande en outre d’améliorer la qualité et l’accessibilité des données sur les entreprises, de développer l’évaluation des politiques publiques et sa portée tout en renforçant les capacités institutionnelles de soutien à l’entrepreneuriat. Soit autant de priorités clés pour une mise en œuvre efficace des politiques de forte croissance.
« Maintenir une forte croissance est un défi pour la plupart des entreprises. L’un des principaux constats du rapport réside dans l’importance que revêtent l’innovation, l’ouverture au monde, les réseaux, les bonnes pratiques managériales et l’accès au financement, souligne Najy Benhassine, directeur des finances, de la compétitivité et de l’innovation à la Banque mondiale. Ce rapport brise le mythe du lien entre une forte croissance et des secteurs d’activité particuliers ou le fait d’être une entreprise high-tech ou une start-up. Une plus grande importance portée aux politiques fondées sur des données probantes sera sûrement plus payante pour la productivité et la croissance des entreprises que la recherche souvent vaine de ”la prochaine licorne”. »