Les économies d’Afrique subsaharienne continuent de se redresser, a récemment indiqué un rapport semestriel de la Banque mondiale, « Africa’s Pulse », notant toutefois que cette évolution se ferait à un rythme plus lent que prévu.

Il n’empêche que la région devrait afficher en 2018 un taux de croissance moyen de l’ordre de 2,7 %, correspondant à une légère augmentation par rapport aux 2,3 % enregistrés en 2017, a souligné le rapport qui analyse la conjoncture économique africaine.

Selon ce document, qui consacre un dossier spécial sur la baisse de la productivité du travail en Afrique subsaharienne et les moyens d’y remédier, ce ralentissement s’explique par la conjoncture internationale moins favorable pour l’Afrique subsaharienne et la modeste performance des trois plus grandes économies de la région.

S’agissant de la première cause du ralentissement, la BM fait état d’un essoufflement des échanges mondiaux et de l’activité industrielle, « marqués par la chute des cours des métaux et des produits agricoles en raison des inquiétudes liées aux tarifs douaniers et à une demande plus incertaine ».

Aussi, l’institution financière internationale a prévenu qu’en dépit d’une probable hausse des prix du pétrole en 2019, ceux des métaux pourraient rester modérés du fait de la baisse de la demande, notamment en Chine.

En outre, le rapport a fait également remarquer que « les pressions exercées sur les marchés des capitaux se sont accentuées dans les économies émergentes et les inquiétudes concernant les dettes libellées en dollars se multiplient, avec la hausse de la valeur de la devise américaine ».

Evoquant le lien entre la modeste performance des trois plus grandes économies de la région et ce ralentissement, le rapport a ajouté que la baisse de la production pétrolière en Angola et au Nigeria a neutralisé la hausse des prix du pétrole et, en Afrique du Sud, la faible croissance de la consommation des ménages a été exacerbée par la contraction de l’activité agricole.

Si la croissance dans le reste de la région a été stable, le dernier numéro d’«Africa’s Pulse» a relevé, aussi, que «plusieurs pays d’Afrique centrale, exportateurs de pétrole, ont bénéficié de la hausse des prix du pétrole et de l’augmentation de la production pétrolière ».

La Banque mondiale a également noté que « l’activité économique est restée solide dans les pays à forte croissance peu dotés en ressources naturelles, tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Rwanda, soutenue par la production agricole et les services, du côté de la production, et par la consommation des ménages et l’investissement public, du côté de la demande ».

Si la dette publique est restée à un niveau élevé et continue d’augmenter dans certains pays, le rapport a laissé entendre que « la viabilité de cette dette publique risque d’être compromise par l’affaiblissement des monnaies et la hausse des taux d’intérêt associée à la modification de la composition de la dette ».

Soulignant les risques de dérapages budgétaires, de conflits et de chocs climatiques, le rapport a appelé à « mettre en œuvre des politiques et des réformes susceptibles de renforcer la résilience des pays et de doper la croissance potentielle à moyen terme ».

Pour accélérer et soutenir une dynamique de croissance inclusive, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, Albert Zeufack, a indiqué que « les responsables politiques doivent continuer de donner la priorité aux investissements qui privilégient le capital humain, limitent les risques de mauvaise allocation des ressources de l’Etat et stimulent la productivité. »

Par ailleurs, ce dernier a estimé qu’ils doivent « se donner les moyens de gérer les nouveaux risques découlant de la modification de la composition des flux de capitaux et de la dette. »

Enfin, pour l’économiste et auteur principal du rapport, Cesar Calderon, « les réformes devraient notamment englober des politiques qui encouragent les investissements dans des secteurs autres que celui des ressources, créent des emplois et améliorent le rendement des entreprises et des travailleurs».
Alain Bouithy

 

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