Vendredi 28 septembre dernier, à Marrakech (Maroc), au Beldi Country Club, s’est tenue la seconde journée du deuxième Sommet mondial de Women In Africa (WIA) Initiative, première plateforme internationale de développement économique et d’accompagnement des femmes africaines leaders et à haut potentiel.
Le thème transversal 2018 de ce deuxième Sommet – était : « Regarder l’Afrique avec confiance, croire en ses talents ».
Comme la veille, la journée a été menée tambour battant, enchaînant des sessions riches en échanges et partages d’expériences, en présence de 480 femmes et hommes, issus de 70 pays dont 52 africains.
Ce qu’il faut retenir
Les petits déjeuners de l’Entrepreneurs Club : Quelles sont mes perspectives pour l’Afrique de demain
La journée a démarré par 4 rencontres thématiques organisées par la Fondation WIA Philanthropy. Ces rencontres sectorielles (Agriculture, Énergie, Tech & Digital, Éducation) ont permis aux membres de se rencontrer et de participer à un débat informel entre des leaders influents et des lauréates du WIA Entrepreneurship Programme 54.
Ces 4 sessions ont constitué une formidable opportunité pour les lauréates primées hier soir de nouer un dialogue direct et personnalisé avec des personnalités panafricaines et internationales.
Men With WIA : elle/ils encouragent l’empowerment des femmes
Avec ce nouveau programme, WIA Initiative a donné la parole aux hommes qui soutiennent les femmes et qui souhaitent s’engager en faveur de la promotion d’une nouvelle génération de femmes leaders en Afrique.
A travers des actions concrètes en matière d’empowerment, de gouvernance et d’investissement, les « Men with WIA » se mobilisent aux côtés des femmes pour faire bouger les lignes, lever les obstacles relatifs à l’égalité homme-femme et, ainsi, faciliter l’intégration des femmes africaines dans leurs sociétés.
Pour Hassan Ba, co-Fondateur de Femmes Africa Solidarité, « nous ne pouvons pas, en tant qu’être humain, ne pas être sensibles aux agressions faites aux femmes. Sinon nous ne pouvons pas parler de civilisation ».
De son côte, Bolewa Sabourin, danseur Président et co-fondateur de l’association Loba, estime que « les Africains ne racontent pas leurs difficultés de la même manière que les Occidentaux. La danse est un outil de résilience qui permet aux femmes de se reconstruire, d’avoir un espace de sécurité ».
Alors que Lubomir Roglev, avocat directeur du département Afrique DS Avocats, s’interroge : « De quoi les hommes ont-ils aussi peur ? Pourquoi ont-ils peur d’une femme qui réussit ? Nous devons travailler, collaborer et nous développer côte à côte ».
Quant à Souleymane Khol, vice-président marketing des ventes chez Accor, il pense que « nous avons des défis à relever pour le continent et les femmes ont des choses à apporter. Mais pour cela, il est nécessaire d’avoir le soutien du haut de la pyramide ».
2 Conférences plénières sur le thème : Gagner la bataille de l’éducation !
Il y a 38% d’analphabètes actuellement sur le continent africain dont deux tiers sont des femmes. Quel est le « bon » modèle éducatif pour les femmes africaines, et comment le financer ? Comment établir des passerelles pour leur permettre de passer du monde du travail à celui du management ? Quelles filières privilégier ? Faut-il développer l’intelligence artificielle ? …
En présence de speakers panafricains et internationaux (dont Cédric Villani, mathématicien français, Professeur de l’Université de Lyon et député de l’Essonne, Charles Édouard Bouée, PDG de Roland Berger, Nathalie Munyampenda, …) ont proposé des pistes de réflexion en s’appuyant sur l’objectif numéro 4 des ODD (objectifs de développement durable), pour une éducation inclusive et de qualité pour tous d’ici à 2030.
Pour gagner cette bataille de l’éducation en Afrique, la conférence plénière a mis en exergue l’exemple des Écoles d’Excellence.
Francis Semporé, enseignant en génie énergétique à 2IE et Conseiller du directeur général chargé du développement Institutionnel explique « ce qui fait de 2EI un centre d’excellence c’est l’employabilité des étudiants ».
Pour sa part, Nathalie Munyampenda, directrice de la Communication à l’IASM et directrice générale du Next Einstein Forum estime qu’« il ne faut pas faire de l’excellence pour faire de l’excellence. Le défi auquel nous devons faire face actuellement est la concurrence entre de nombreux cursus et le manque de débouchés concrets. En tant que femmes, nous devons nous concerter pour travailler ensemble. Et avoir confiance en nos capacités et compétences car de nombreuses filles ont d’excellentes notes mais ne se sentent pas à la hauteur pour intégrer un Master ».
Interview de Ngozi Okonjo-Iweala
Frein au développement économique des territoires et des pays, la corruption est aussi une entrave majeure à l’empowerment des femmes africaines.
Les participants/tes au Sommet ont assisté à une prise de parole de Ngozi Okonjo-Iweala, économiste nigériane et première femme ministre des finances du Nigeria.
En avril 2018, elle a publié un livre-témoignage en anglais « Lutter contre la corruption est dangereux ». Elle y dévoile les coulisses du pouvoir, les nombreuses pressions qu’elle et sa famille ont subi et propose différentes façons de lutter contre la corruption.
« Changer son pays, ça commence par soi ! » a-t-elle affirmé.
African Man Of The Year Award 2018
Ce Prix annuel, crée l’an passé par WIA Initiative, récompense l’engagement exceptionnel d’hommes Africains à promouvoir et encourager la femme dans les paysages socio-économiques du continent.
Sélectionné par un jury international, le lauréat doit répondre à trois critères principaux
- Être Africain
- Être un homme concrètement investi pour la parité et l’égalité
- Être un homme influent dans son écosystème
En 2018, l’African Man Of The Year est le Tunisien Badreddine Ouali, président du Groupe Vermeg (leader mondial du logiciel financier), 54 ans et plus de vingt ans d’entreprenariat et de philanthropie.
Vermeg est considérée comme l’un des fleurons de l’économie tunisienne. Il a créé la Fondation Tunisie Pour le Développement qui œuvre à l’essor économique, politique de la jeunesse tunisienne. Elle mène en Tunisie et hors de la Tunisie des actions de solidarité en direction des populations défavorisées.
Clôture du Sommet avec Stéphane Richard
« Les femmes sont au cœur de la civilisation, de la société, de la culture Africaine. Elles sont le principal vecteur positif de la révolution digitale. Elles ont la capacité de faire de cette révolution soit réellement bénéfique pour l’humanité. (…) Le monde entier est dans la révolution digitale. Celle-ci est extraordinaire en Afrique. On estime qu’en 2021 il y aura 1 milliard de smartphone en Afrique. La révolution digitale n’en n’est qu’à ses premiers pas en Afrique. Il y a tellement de choses à créer, tellement d’opportunités qui s’ouvrent, l’Afrique va pouvoir briller plus facilement que les autres continents ».