En effet, alors que la croissance économique se redresse et que le chômage s’est établi à un niveau exceptionnellement bas, la stagnation des salaires semble persister dans la plupart des pays de la zone au point de préoccuper l’OCDE.
Et pour cause, « si les pays ne parviennent pas à rompre avec cette tendance, la confiance du public à l’égard de la reprise économique sera compromise et les inégalités se creuseront sur le marché du travail », prévient le rapport relevant que la croissance des salaires reste beaucoup plus morose qu’avant la crise financière.
Comme le rappelle l’organisation internationale, « à fin 2017, la croissance des salaires nominaux dans la zone OCDE était inférieure de moitié à ce qu’elle était 10 ans auparavant : au deuxième trimestre 2007, lorsque le taux de chômage moyen des pays de l’OCDE était à peu près identique à celui d’aujourd’hui, la croissance moyenne des salaires nominaux était, quant à elle, de 5,8 % contre 3,2 % au 4ème trimestre 2017 ».
A en croire l’Organisation, ce qui préoccupe aujourd’hui, c’est que la stagnation des salaires touche beaucoup plus les travailleurs faiblement rémunérés que ceux se situant au sommet de l’échelle des salaires.
En effet, selon elle, les revenus du travail réels des 1 % les mieux rémunérés ont augmenté beaucoup plus rapidement ces dernières années que ceux des travailleurs à temps plein médians. Ce qui n’a fait qu’accentuer une tendance déjà bien installée, relève l’OCDE.
Pour son secrétaire général, Angel Gurría, « la tendance au redressement de l’emploi sans progression parallèle des salaires met en évidence non seulement les changements structurels à l’œuvre dans nos économies, que la crise financière a accentués et accélérés, mais également l’impérieuse nécessité pour les pays de soutenir les travailleurs, et plus particulièrement les moins qualifiés d’entre eux ».
Ce dernier, qui s’est exprimé à l’occasion du lancement du rapport à Paris, estime que « des mesures ciblées et une coopération plus étroite avec les partenaires sociaux s’imposent pour aider les travailleurs à s’adapter à la mutation rapide du monde du travail et à en tirer profit, et pour faire en sorte que la croissance profite à tous ».
Soulignant les causes de la stagnation des salaires, l’OCDE explique dans un communiqué qu’il s’agit de plusieurs facteurs, notamment le faible niveau d’inflation et le ralentissement marqué de la productivité, ainsi que l’accroissement des emplois à bas salaire.
Rappelons que les Perspectives de l’emploi dans son édition 2018 pointent une réduction significative des salaires moyens des travailleurs à temps partiel par rapport à ceux des travailleurs à temps plein.
« La réduction de la couverture de l’assurance chômage dans de nombreux pays et la persistance du chômage de longue durée pourraient également entrer en ligne de compte », assure l’organisation qui fait remarquer que, dans la zone OCDE, moins d’un demandeur d’emploi sur trois perçoit des indemnités de chômage en moyenne, et la contraction à long terme de la couverture des allocations de chômage s’est poursuivie depuis la crise dans de nombreux pays.
Selon les Perspectives de l’emploi, le taux d’emploi des 15-74 ans s’était élevé à 61,7 % à fin 2017 dans la zone et, pour la première fois, on dénombrait davantage d’actifs occupés aujourd’hui qu’avant la crise.
Des chiffres recueillis, il ressort que « le taux d’emploi devrait atteindre 62,1 % d’ici à la fin de l’année 2018 et 62,5 % au quatrième trimestre 2019. Certaines des améliorations les plus notables concernent les catégories défavorisées, comme les travailleurs âgés, les mères de jeunes enfants, les jeunes ou les immigrés », indique l’OCDE.
D’après les estimations, la plupart des pays de la zone affichent un taux de chômage en deçà, ou presque, du taux constaté avant la crise alors que les offres d’emploi atteignaient également un niveau record au Japon, dans la zone euro, aux Etats-Unis et en Australie, souligne l’organisme sur son site web officiel.
Ce n’est pas tout. Selon les prévisions, « le taux de chômage observé à l’échelle de l’OCDE devrait rester orienté à la baisse, pour s’établir à 5,3 % fin 2018 puis à 5,1 % fin 2019.
Pour autant, l’OCDE fait observer que « les performances restent inégales en termes de qualité et de sécurité des emplois, notamment au regard de l’augmentation du taux de pauvreté parmi la population en âge de travailler, atteignant 10,6 % en 2015, contre 9,6 % une décennie plus tôt ».
Pour autant, l’OCDE fait observer que « les performances restent inégales en termes de qualité et de sécurité des emplois, notamment au regard de l’augmentation du taux de pauvreté parmi la population en âge de travailler, atteignant 10,6 % en 2015, contre 9,6 % une décennie plus tôt ».
Alain Bouithy