TRIBUNE. Le Congo est mal parti. Ceux et celles qui ont une culture politique verront l’analogie à l’interpellation de de René DUMONT, l’Afrique noire est mal partie, qui des années plus tard obligea le Président Léopold Sédar Senghor à lui répondre : Ah, si nous vous avions écouté !
Le Congo, ce beau pays dont nous étions tous si fier est mis aujourd’hui au ban de la communauté financière internationale. Il semble qu’au minimum il serait endetté à plus de 120% e son P.IB ! Encore faudrait-il être sûr qu’il n’est pas caché plus de la moitié encore de la dette réelle de ce pays.
Jusqu’à présent notre attention s’était focalisée sur la défense des droits de l’homme. Nous savions que le régime qui règne sur ce pays depuis bientôt quarante ans a le goût du sang humain. A chaque marche du pouvoir, du sang des Congolais a été sacrifié. Des guerres ont été orchestrées pour que du sang de notre peuple soit versé. Il était normal que dans un tel contexte soit en dénonciation ou en prévision contre la commission d’un crime contre l’Humanité toute l’attention des Congolais soit focalisée sur la défense de l’Homme sur notre terre et en diaspora.
Nous étions loin de penser que se commettait cyniquement au sein de notre pays le plus grand des crimes : le crime économique et financier.
Je pense que plusieurs d’entre nous pensions que le pays était si riche que ceux qui présidaient à ses destinées auraient la simple noblesse de dépasser la satisfaction de leurs propres intérêts qui les font garder le pouvoir coûte que coûte pour gérer au mieux le peu qui restait dans le trésor congolais.
Mais contre toute attente, nous sommes obligés de constater qu’ils ne savent ni gouverner, ni gérer. C’est pour cela qu’il est légitime de dire que le Congo est mal parti humainement, politiquement, institutionnellement, économiquement, démocratiquement…
Notre pays fait peur, car il devient le berceau de la faim, des guerres, de la haine. Il n’attire plus comme elle attirait ceux et celles qui se formaient à l’étranger qui étaient pressés de rentrer pour transmettre à leur tour tout ce qu’ils avaient appris. Au contraire, tout le monde a peur de rentrer chez soi, puisque les délits d’opinion sont devenus des crimes d’opinion. Plusieurs qui en sont accusés croupissent, victimes de mauvais traitements, dans des prisons où ils ne sont ni jugés ni défendus dans leurs droits.
Le Congo est mal parti parce que ceux et celles qui ont endetté à outrance notre si riche pays sont les mêmes dont la fortune se compte par milliard hors de nos frontières. En vérité, en vérité si le Congo est endetté, c’est parce que ceux et celles qui sont au pouvoir ont volé toute la richesse de notre terre y compris celle qui était destinée à nos enfants à qui nous ne laisseront que des dettes si nous n’y prenons garde.
Nous sommes bien loin des chants des plaisantins révolutionnaires des années 1963 qui disaient : « Youlou a tout volé, nous bâtirons de nouveau suffit la liberté ! » Maintenant, de nos yeux, nous voyons ce que voler et endetter un pays et un peuple veulent dire.
Le Congo est mal parti parce que ceux et celles qui ont volé et qui ont endetté veulent se maintenir au pouvoir. Mais nous bâtirons de nouveau il suffit d’être vraiment libre.
C’est un défi pour les vrais démocrates et républicains qui aiment ce pays. Par tous les moyens et par toutes nos forces il est un devoir et une haute mission tirés de la prière du peuple souverain et souffrant de les chasser du pouvoir. Je m’y attelle.
Et je lance un appel à celles et ceux qui croient encore au devenir de ce pays de s’unir et de se réunir là où ils sont selon les compétences de chacun. En mutualisant nos moyens et nos forces, nous parviendront à construire avec espérance un avenir fait de prospérité pour nous tous et pour nos enfants.
Que Dieu bénisse le CONGO !
Maître Dominique Kounkou
Avocat au Barreau de Paris.